Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 7 manuscrit
Note [38]
« il met Musæus devant tous les autres, sans même citer Homère. »
Quos circumfusos sic est adfata Sibylla,
Musæum ante omnis, {a} (medium nam plurima turba
hunc habet atque umeris exstantem suspicit altis).[La Sibylle {b} s’adresse à ceux qui se trouvaient près d’elle et à Musée {c} avant tout autre (car il a autour de lui une foule immense qu’il dépasse de ses hautes épaules et qui lève les yeux vers lui)].
- Contre les règles de la syntaxe latine, la licence poétique, pour la bonne cadence du vers, recommande de remplacer omnes (accusatif pluriel) par omnis (nominatif singulier), ce qui explique la correction du Borboniana et de Marc-Antoine Muret (v. infra).
- La sibylle de Cumes (ou cumée), v. note [2], lettre 164.
- Musæus d’Athènes (Musée) est le fondateur légendaire de la poésie grecque classique (attique) qu’ont célébré de nombreux auteurs anciens.
Homeri, cui tam multa debebat, quem prope totum compilarat, nulla usquam mentio. Quin etiam cum odoratum illud lauri nemus describeret, in quo felices agebant pii vates et Phœbo digna locuti, Musæum ante omnes collocat, Homerum ne nominat quidem. Neque in Ciceronem æquior.[Il ne fait nulle part mention d’Homère, à qui il doit tant et qu’il a presque entièrement pillé. {b} Bien au contraire, quand il dépeint ce bosquet de lauriers parfumés où vivaient heureux de pieux poètes dont les paroles furent dignes d’Apollon, {c} il met Musæus devant tous les autres, sans même citer Homère. {d} Et il n’est pas moins injuste à l’égard de Cicéron]. {e}
- Imprimés dans le le tome ii du Thesaurus criticus [Trésor critique] de Janus Grüter (Francfort, 1606, v. note [32] du Borboniana 6 manuscrit).
- Pour l’essentiel de son intrigue, L’Énéide de Virgile est une reprise de L’Iliade et surtout de L’Odyssée d’Homère.
- Vers 656‑665 du chant vi de L’Énéide (qui précèdent ceux qui sont cités supra) sur la descente d’Énée au pays des morts (avec mise en exergue des fragments repris par Muret) :
Conspicit, ecce, alios dextra lævaque per herbam
vescentis, lætumque choro pæana canentis
inter odoratum lauri nemus, unde superne
plurimus Eridani per silvam volvitur amnis.
Hic manus ob patriam pugnando volnera passi,
quique sacerdotes casti, dum vita manebat,
quique pii vates et Phœbo digna locuti,
inventas aut qui vitam excoluere per artes,
quique sui memores alios fecere merendo,
omnibus his nivea cinguntur tempora vitta.
Sibylla…[Voici qu’il en aperçoit d’autres, à droite et à gauche, qui déjeunaient sur l’herbe en chantant en chœur un hymne joyeux, dans le bosquet de lauriers parfumés, d’où le puissant Éridan [le Pô] fait jaillir ses eaux du tréfonds de la terre pour courir à travers la forêt. Là sont réunis ceux qui sont morts du coup qu’il ont reçu en combattant pour la patrie, ceux qui, tout au long de leur vie, ont été des prêtres scrupuleux, de pieux poètes dont les paroles furent dignes d’Apollon, ceux qui ont embelli l’existence par l’invention des arts et ceux dont les bienfaits ont laissé leur souvenir dans la mémoire de certains. Tous ceux-là ont le front ceint d’un bandeau blanc comme la neige. La Sibylle…]
- Mise en exergue du passage cité par le Borboniana.
- V. infra note [39].
V. note [6], lettre 606, pour Théocrite (iiie s. av. J.‑C.).