Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-4
Note [15]
« L’enchaînement fatal nous a jalousé Érasme, mais il n’a pu nous en ôter le désir » : où « l’enchaînement fatal » est la mort à laquelle nul n’échappe ; et desiderium, à la fois « le désir » immortel de lire Érasme, et Desiderius, son nom latin (v. note [3], lettre 44).
Dans son Grand Dictionnaire historique… (Lyon, 1674, page 468), Louis Moréri semble avoir été le premier à citer cette épitaphe d’Érasme en l’attribuant à Louis Masius : cet auteur est autrement inconnu ; il s’agit probablement d’une méprise sur le prénom de l’érudit flamand Andreas Masius, {a} qui fut contemporain et admirateur d’Érasme.
Balthazar de Monconys a cité plus longuement ces vers et donné leur histoire dans ses Voyages, {b} seconde partie, page 130, Voyage des Pays-Bas, juillet 1663, sur le souvenir d’Érasme à Rotterdam :
« L’on voit la petite maison où il est né, au devant de laquelle sont ces inscriptions sur du bois, simplement :En esta casa es nacido, Erasmo theologo celebrado.
Por dotrina señalado, La pura fée nos a mostrado.
Ædibus his ortus mundum decoravit Erasmus,
Artibus ingenuis, religione, fide.
Fatalis series nobis invidit Erasmum :
At desiderium tollere non potuit. » {c}
- André Maes, v. note [3], lettre 659.
- Lyon, 1666, v. note [6], lettre 825.
- Pour les deux premiers vers espagnols :
« Le célèbre théologien Érasme est né dans cette maison.
Par son insigne doctrine, il nous a montré la pure foi. »Pour la suite, en latin :
« Né en cette maison, Érasme a honoré le monde,
Par ses nobles talents, par sa religion, par sa foi.
etc. »
Guy Patin aurait pu prélever l’épitaphe d’Érasme dans le récit de Monconys, mais, connaissant Andreas Masius, il ne l’aurait pas attribuée à l’improbable Louis Masius, dont seul a parlé Moréri en 1674.