Autres écrits : Une thèse cardinale de Guy Patin :
« La Sobriété » (1647)

Note [70]

Macrobe (v. note [2], lettre 52), Saturnales, livre ii, chapitre xii, De acipensere, mullo, scaro, lupo [L’esturgeon, le mulet, le scare et le loup] :

Nec acipenser, quem maria prodigis nutriunt, illius sæculi delicias evasit ; et, ut liqueat secundo Punico bello celebre nomen hujus piscis fuisse, accipite ut meminerit ejus Plautum fabula quæ inscribitur Baccharia, ex persona parasiti :

Quis est mortalis tanta fortuna affectus unquam,
Qum ego nunc sum, cujus hæc ventri portatur pompa ?
Vel nunc qui mihi in mari acipenser latuit antehac,
Cujus ego latus in latebras reddam meis dentibus et manibus.

Et, ne vilior sit testis poeta, accipite, assertore Cicerone, in quo honore fuerit hic piscis apud P. Scipionem Africanum illum et Numantinum. Hæc sunt in dlialogo de Fato verba Ciceronis : « Nam quum esset apud se ad Lavernium Scipio, unaque Pontius, allatus est forte Scipioni acipenser, qui admodum raro capitur, sed est piscis, ut ferunt, in primis nobilis. Quum autem Scipio unum et alterum ex his, qui eum salutatum venerant invitasset, pluresque etiam invitaturus videretur : in aurem Pontius : “ Scipio, inquit, vide quid agas, acipenser iste paucorum hominum est. ” »

[L’esturgeon, {a} que les mers nourrissent pour les gaspilleurs, n’a pas échappé aux raffinements de ce siècle. Ce propos du parasite dans la Baccharia de Plaute montre bien la haute faveur dont il jouissait au temps de la deuxième guerre punique :

Quel mortel fut jamais plus favorisé de la fortune que je le suis à cette heure ? C’est à ma panse qu’est destiné ce régal ! Cet esturgeon, qui jusqu’ici a vécu pour moi tapi au fond de la mer, je vais à mon tour l’engloutir en le dépeçant de mes doigts et de mes dents. {b}

Si le témoignage d’un poète te semble trop futile, apprends de Cicéron quel cas Scipion l’Africain, dit aussi le Numantin, {c} faisait de ce poisson, à ce qu’il en a dit dans son dialogue du Destin : {d} « Scipion étant dans sa maison de Lavernium avec Pontius, {e} on vint lui apporter un esturgeon, poisson qu’on capture rarement, mais qu’on rangeait, dit-on, parmi les plus estimés. Comme Scipion avait convié un puis deux invités qui étaient venus le saluer, et semblait vouloir en appeler d’autres, Pontius lui dit à l’oreille : “ Fais attention ! Cet esturgeon n’est réservé qu’à peu de gens. ” »]


  1. Esturgeon (Furetière) :

    « gros poisson de mer, qui monte dans les rivières, qui a le museau pointu, le ventre plat et le dos bleu. Le caviar est fait d’œufs d’esturgeon. On a vu un esturgeon qui était une fois aussi gros qu’un buffle. Aldrovandus {i} dit qu’on ne saurait prendre l’esturgeon qu’avec des filets, car il ne mord point à l’hameçon, et vit de limon. L’esturgeon au lieu d’arêtes a un cartilage tendre et gros d’un doigt, qui s’étend depuis la tête jusqu’au bout de la queue, et qui soutient tout son corps. On lève ce cartilage, qui s’étend comme un boyau et qu’on sèche au soleil ; et c’est la meilleure chose qu’on puisse manger en carême. Du ventre de l’esturgeon on fait la colle de poisson. En latin acipenser, suivant Rondelet, {ii} ou turcio, selon Pline. »

    1. Ulisse Aldrovandi, v. note [13], lettre 9.

    2. Guillaume Rondelet, v. note [13], lettre 14
  2. Ce fragment est tout ce qui a survécu de la Baccharia de Plaute (iiie s. av. J.‑C., v. note [11], lettre 6).

  3. V. note [32] du Borboniana 3 manuscrit, pour Scipion l’Africain le Jeune, surnommé Numantinus après sa conquête de Numance, en Espagne.

  4. Ce fragment du de Fato de Cicéron n’est aujourd’hui connu que grâce au témoignage de Macrobe.

  5. On ne sait rien d’autre de ce Pontius (Ponce), ami de Scipion le Jeune. Lavernium est une localité de Campanie antique.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Une thèse cardinale de Guy Patin :
« La Sobriété » (1647), note 70.

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(Consulté le 28/03/2024)

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