Autres écrits : Une thèse cardinale de Guy Patin :
« La Sobriété » (1647)

Note [94]

Guy Patin copiait presque mot à mot un passage des Pathologiæ libri vii [Sept livres de la pathologie] de Jean Fernel, {a} livre i, De morbis eorumque causis [Les maladies et leurs causes], chapitre xiiii, Qua ratione quotque modis esculenta et potulenta nos afficiant [Pourquoi et de quelles manières ce qu’on mange et boit nous affecte] (Orléans, 1604, page 361) :

Ut enim calx ad arboris radicem conspersa fructum accelerat, arborem vero perimit, ita calidius alimentum maximeque vinum suscitato calore, spiritus facultatesque erigit, mortem vero maturat. Dum enim corporis calorem auget, substantiam minuit : dumque innati calidi spiritum et calorem halitu fovet, eius substantiam, quæ humidum est primigenium, dissipat exsorbetque : omnem vitam alacriorem ac vegetiorem, sed tamen breviorem facit.

[Tout comme la chaux qu’on répand au pied d’un arbre accélère la venue des fruits, mais tue l’arbre, {b} un aliment trop chaud, et tout particulièrement le vin, par l’ardeur qu’il engendre, éveille les esprits et leurs facultés, mais hâte le trépas. Tandis qu’il augmente la chaleur du corps, il mine en effet sa substance ; et tandis qu’il attise de son haleine l’esprit et le degré de la chaleur innée, {c} il dissipe et engloutit sa substance, qui est l’humide radical. Il rend toute vie plus gaie et plus vaillante, mais plus courte]. {d}


  1. V. supra note [16].

  2. Le lait de chaux est encore utilisé de nos jours pour badigeonner le tronc des arbres fruitiers (chaulage), en vue d’en supprimer les parasites (champignons, larves d’insectes) ; mais répandre de la chaux au pied de l’arbre n’est plus de pratique courante.

  3. V. première notule {a}, note [14], lettre 150.

  4. Traduction d’A.D.M. (Paris, 1655, pages 53‑54) :

    « Car comme la chaux semée à la racine d’un arbre lui fait avancer son fruit, mais aux dépens de l’arbre, qui en meurt, de même l’aliment trop chaud, et principalement le vin, réveillant la chaleur, récrée les esprits et les facultés, mais il abrège la vie ; d’autant qu’à mesure qu’il augmente la chaleur du corps, il en diminue la substance ; et pendant que de sa vapeur et de ses fumées il va fomentant les esprits et la chaleur de l’humeur radicale, il dissipe et consomme quant et quant [en même temps] la substance d’icelle, qui n’est autre que la naturelle humidité. La vie en devient à la vérité plus allègre et plus vigoureuse, mais aussi plus courte. »

V. note [8], lettre de Jean de Nully, datée du 21 janvier 1656, pour Protée, que Fernel n’a pas appelé au secours de sa démonstration.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Une thèse cardinale de Guy Patin :
« La Sobriété » (1647), note 94.

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(Consulté le 29/03/2024)

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