Électeurs (du saint Empire germanique)
Prince ou évêque appelé à concourir à l’élection de l’empereur d’Allemagne. En 1024, avec la mort de l’empereur Henri ii, se trouva éteinte la Maison de Saxe qui, depuis Henri ier l’Oiseleur (régnant de 919 à 936), avait occupé héréditairement le trône impérial. Il fallut recourir à l’élection pour désigner un successeur. Les évêques, plus que personne, étaient intéressés à faire cesser l’interrègne ; à leur instigation, se réunit une assemblée pour choisir un nouvel empereur : ce fut Conrad ii le Salique, élu roi de Germanie et roi des Romains à Mayence en 1024. Le procédé s’organisa et s’établit, au fil des successions à décider. En 1338, la diète, rassemblée à Francfort, décida que la majesté et l’autorité impériales seraient conférées par le seul suffrage des principaux électeurs et que l’élection serait décidée par la pluralité (majorité) des voix. En 1356, la diète de Nuremberg promulgua la Bulle d’or qui maintenait les électeurs au nombre de sept, en l’honneur des sept chandeliers de l’Apocalypse : trois appartenaient à l’Église, les électeurs de Mayence, de Cologne et de Trêves ; et quatre étaient laïques, l’électeur roi de Bohême, l’électeur comte palatin, l’électeur duc de Saxe, et l’électeur margrave de Brandebourg, qui portait le titre de Grand électeur. Outre leur droit d’élire l’empereur, les électeurs jouissaient d’un immense pouvoir sur leurs provinces, véritables états dans l’état, et prenaient part au gouvernement du saint Empire germanique. Ils recevaient le titre de sérénissimes. Les questions de préséance entre électeurs ou dans leurs rapports avec la diplomatie étrangère ont soulevé bien des difficultés. Le légat du pape avait seul le pas sur eux, mais ils avaient le pas sur tous les rois, excepté sur ceux de France. Leurs ambassadeurs avaient le pas sur ceux des républiques. Les électeurs recevaient le titre d’excellence et décidaient à leur gré des formules honorifiques que l’on devait accorder aux princes étrangers. Après la Réforme de Luther, les électeurs se scindèrent en deux partis, catholiques et protestants, alors que l’empereur restait catholique ; ce fut l’un des germes de la guerre de Trente Ans. Après la paix de Westphalie qui mit fin à ce conflit (1648), on remit l’électeur palatin en possession de tous ses domaines, excepté le haut Palatinat (Bavière), pour lequel on créa en même temps une huitième dignité électorale, à laquelle était attachée la charge de grand trésorier. L’empereur Léopold ier (élu en 1657 et mort en 1705) établit un neuvième électorat, celui de Hanovre (GDU xixe s.).