Feuille
Morceau rectangulaire de papier à imprimer d’une grandeur variable, coupé carrément (à angles droits) et qui se plie en un nombre variable de parties dites feuillets formant un cahier. Il y a 25 feuilles dans une main de papier (Littré DLF). La feuille a divers formats : colombier (63x90 cm), jésus (55x70 cm), raisin (50x65 cm), etc.

  • Pliée en deux, la feuille donne 2 feuillets (4 pages par cahier) de format in‑folio (in‑fo ou in‑2o) dit naturel, dont la hauteur va de 36, petit in‑fo, à 63 cm, grand in‑fo).

  • L’assemblage de trois feuilles pliées en deux aboutissait à un cahier de 12 pages (6 feuillets), qu’on appelait in‑fo composite, bien qu’il s’agît logiquement d’un in‑6o, mais ce terme n’avait pas cours.

  • Pliée en quatre, la feuille donnait des cahiers de 4 feuillets (8 pages) in‑quarto (in‑4o) dont la hauteur pouvait aller de 23 à 45 cm ; en huit (8 feuillets, 16 pages), c’était l’in‑octavo (in‑8o, 18 à 31,5 cm) ; en seize (16 feuillets, 32 pages), l’in‑seize (ou in‑sexto decimo, in‑16o, 11,5 à 22,5 cm).

  • En pliant la feuille en trois dans le sens de la largeur, puis en deux dans le sens de la hauteur, on obtenait l’in‑12, dont chaque cahier comptait 12 feuillets (24 pages).
  • Et ainsi de suite pour les plus petits formats (jusqu’au rarissime in-cent-vingt-huit).

Quel que fût leur format, les feuilles d’un livre étaient numérotées (en bas à droite du recto de la première feuille du cahier) à l’aide d’une signature, figurée par une lettre majuscule (A, B, C…, A1, B1, C1… ou Ai, Bi, Ci…) ; pour les pages impaires suivantes du même cahier (hormis dans l’in‑fo naturel) la signature était affectée d’un indice numérique arabe (A2, A3…) ou romain minuscule (Aii, Aiii…). Une fois le premier alphabet épuisé, les signatures étaient doublées (Aa, Bb, Cc…), puis triplées (Aaa, Bbb, Ccc…), etc., selon le nombre des cahiers qui composaient le volume. L’alphabet de signature ne comptait que 23 lettres parce qu’on en excluait J et V (assimilés à I et U), et que W n’existait pas en français. En divisant par deux le nombre de pages qui séparent deux signatures alphabétiques consécutives (par exemple A et B, A1 et B1, ou Ai et Bi), on connaît la taille du cahier, et donc le format du livre (qui doit figurer dans sa référence). Les pages d’un livre étaient soit toutes numérotées ; soit numérotées une fois sur deux (ce qui mène à distinguer le recto, ro, du verso, vo) ; soit non numérotées, dans les ouvrages les plus anciens (ce qui contraint à se repérer sur les signatures).

Le bibliophile pourra notamment feuilleter La Science pratique de l’Imprimerie, contenant des instructions très faciles pour se perfectionner dans cet art… (Saint-Omer, Martin Dominique Fertée, 1723, in‑4o illustré de 292 pages). Je remercie M. Roch de Coligny, expert en livres anciens, pour les pertinentes corrections qu’il m’a communiquées, en septembre 2021, sur ma première rédaction de cet article.

En France, les libraires vendaient les livres non reliés (en blanc) ; s’il y manquait des pages, il s’agissait d’une feuille entière.