Collège royal de France, professeurs et lecteurs royaux
Vers 1530, François ier, sur les sollicitations de Guillaume Budé et de Jean du Bellay, institua à Paris, en dehors de l’Université, deux chaires libres, l’une de grec, l’autre d’hébreu. Le but était de donner gratuitement une instruction supérieure et publique, destinée à lancer dans les voies du progrès, avec l’impulsion d’une haute autorité, les activités diverses de l’esprit humain. Dès 1532, François ier porta le nombre des chaires à trois pour chacune des deux langues enseignées. Les professeurs de l’Université, qui vivaient du produit de leurs leçons, ne virent pas sans jalousie l’installation de ces nouveaux professeurs, dont les cours étaient gratuits et qui recevaient une dotation de la Couronne. Le syndic de la Faculté de théologie, Noël Beda, les cita devant le Parlement, et voilant sous un zèle fanatique les motifs intéressés de ses collègues, s’écria que, si l’on permettait d’enseigner publiquement le grec et l’hébreu, la religion allait être perdue et l’autorité de la Vulgate détruite. L’avocat G. de Marillac soutint, avec son talent habituel, la cause de la nouvelle institution et lui gagna les voix des juges. La Faculté, toutefois, ne se regarda pas comme définitivement battue et l’année suivante, les nouveaux professeurs, auxquels on donnait alors le titre de « liseurs du roi en l’Université » furent accusés d’incliner aux idées de la Réforme. On les fit comparaître devant le Parlement, qui leur défendit de lire et d’interpréter aucun livre de la Sainte Écriture en langue hébraïque ou grecque. Le roi, qui entendait protéger efficacement ses liseurs, empêcha que cette défense fût suivie d’effet et en 1534, il créa une nouvelle chaire, celle d’éloquence latine. Le Collège fut appelé alors Collège des trois langues. Si l’enseignement du grec et de l’hébreu était nécessaire en dehors de l’Université qu’absorbaient les querelles scolastiques, l’enseignement de la langue latine n’était pas moins utile pour détruire le latin barbare qu’on parlait dans les écoles.

François ier ne tarda pas à ajouter les sciences aux langues, et en 1545, outre les sept professeurs chargés de l’hébreu, du grec et du latin, on en comptait deux pour les mathématiques, un pour la médecine, un pour la philosophie ; ce qui portait à 11 le nombre total.

Le Collège des lecteurs royaux s’agrandit encore sous les règnes suivants. Charles ix y introduisit la chirurgie ; Henri iii, l’arabe ; Henri iv, la botanique et l’astronomie ; Louis xiii, le droit canon et la langue syriaque. Sous ce dernier roi, il reçut la dénomination de Collège royal et ne subit que des modifications de peu d’importance jusqu’à l’époque où Louis xv y fonda la chaire de littérature française.

Le Collège royal fut d’abord placé sous la direction du grand aumônier de France, qui nomma aux chaires jusque vers 1661. Malgré la guerre que lui fit d’abord l’Université, le Collège fit longtemps partie du corps universitaire. Vers la fin du xviie s., il en fut détaché et y fut de nouveau agrégé en 1766.

L’emplacement du Collège de France avait été désigné par François ier. Il devait s’élever sur les terrains de l’hôtel de Nesle. La mort du roi empêcha l’exécution de ce projet. On continua donc à faire les cours dans divers collèges de l’Université. Henri II ordonna qu’ils auraient lieu exclusivement dans le Collège de Cambrai ou des Trois-Évêques, et dans celui de Tréguier. Henri ivrevint au projet d’un local affecté spécialement aux cours et aux logements des professeurs royaux. Il avait pour eux une grande estime et ayant connu le peu de régularité avec lequel on soldait leurs honoraires, il fit dire à Sully : « J’aime mieux qu’on diminue de ma dépense et qu’on m’ôte de ma table pour payer mes lecteurs. » Son plan commença à être exécuté dans la première année du règne de Louis xiii et le bâtiment qui fut construit alors subsista jusqu’en 1774. Il se situait sur l’emplacement actuel, ancien terrain du Collège de Cambrai, au carrefour de la rue Saint-Jacques et de la rue des Écoles, en face de la Sorbonne (GDU xixe s.).