L. 571.  >
À Hugues II de Salins,
le 1er août 1659

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Hugues II de Salins, le 1er août 1659

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0571

(Consulté le 19/04/2024)

 

Monsieur, [a][1]

J’ai grand regret de la mort de monsieur votre père, [2] qui était un honnête homme. Je prie Dieu qu’il vous en envoie de la consolation et j’espère que cela viendra avec le temps. [3]

Je suis bien aise que vous soyez content de votre peintre, je lui avais offert encore d’autre temps et lui eusse donné s’il l’eût désiré. [4] Quoi qu’il en soit, je suis bien aise qu’il ait réussi à votre contentement. J’ai regret de n’avoir vu le peintre et son ouvrage, je le remercie de la peine qu’il a prise d’être venu céans pour me dire adieu. In febribus pestilentibus omne ferunt punctum evacuantia[1] il faut saigner [5] hardiment au commencement et purger [6] à la fin ; [7] et propter perniciem imminuentem[2] il faut prudemment faire le pronostic. Vomitus initio morbi est semper symptomaticus ; et in tali morbo semper fugienda emetica. Eadem deletur curatio febri pestilenti quam synocho putri. Datur ephemera pestilens, vide Sennertum de febribus, quatenus spiritus putrescunt ; sed nulla datur pestis absque putredine : dari pestem sine putredine sunt nugæ et mendacia chymicorum, et aliorum ignarorum, qui Galenum non legerunt, nec rem ipsam intellegunt[3][8][9][10] Nos fièvres continues [11] ne commencent pas ici cum rigore aut horrore, aut saltem hoc est rarissimum. Nulla mihi sunt cardiaca, præter alimenta, quæ spiritus et sanguinem cordi subministrant, unde illi robur conciliatur. Acida omnia, quia refrigerant et putredini obsistunt, quodammodo ac improprie cardica dicuntur : sic in summo æstu magnaque siti frigidæ potio dicitur cardiaca, quia cohibet atque coercet exsolutionem spirituum[4][12] La limonade un peu rafraîchie, avec peu de sucre, [13] est appelée cordiale [14] propter succum citri et arantiorum, qui sunt acidi. Opiatæ illæ pharmacopolarum sunt aucupia crumenarum : theriaca, mithridatium et alia a te commemorata, mihi sunt venena[5][15][16][17][18] L’usage de l’eau de veau [19] n’est pas si commun, est decoctum carni vitulinæ cum herbis aliquot refrigerantibus[6] Les bons bouillons sont tout autrement meilleurs, sed ægri facile decipiuntur novitate et varietate remediorum, præsertim a medicis adulatoribus ; [7] cela nourrit et rafraîchit médiocrement. Pour mes armes, mettez-y une croix, absit mihi gloriari nisi in cruce Domini[8][20] Un médecin est un homme cloué à trois clous sur une croix : cette croix est un travail perpétuel à visiter des malades ou à étudier ; ses trois clous sont l’ingratitude de plusieurs malades, les apothicaires et les charlatans. Le Duret [21] sur les Coaques [22] est vendu chez Meturas [23] 11 livres ; si vous en voulez un, nous tâcherons de l’avoir pour 10 livres. Ad provocandum somnium, nulla requiruntur hypnotica initio morbi ; tunc enim sola requiritur venæ sectio, cum enematis refrigerantibus, cum iusculis et frigidæ potu ; provecto morbo, utimur syrupo papaverino, qui est diacodium (ego tamen rarissime), aut syrupo de nymphæa in decocto lactucæ, portulacæ, acetosæ rotundæ, oxytriphylli, etc[9][24][25][26][27][28][29]

Le roi [30] marche pour arriver à Bordeaux le 14e d’août. Le Mazarin [31] a passé Bayonne [32] et est sur la frontière pour y traiter avec le ministre d’État d’Espagne, don Louis de Haro. [33] On dit que le roi sera plus d’un mois à Bordeaux et qu’il ne reviendra à Paris que sur la fin de novembre. Vale et me ama. Tuam et tuos saluto. Dabam 1 Augusti, 1659[10]

G.P.

Nous sommes ici dans l’attente du mariage du roi qui nous amènera une reine de paix, [34] laquelle sera belle et a beaucoup d’esprit. Je prie Dieu que ce soit pour le bien de la France. Vale.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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