L. 618.  >
À André Falconet,
le 17 juin 1660

Codes couleur
Citer cette lettre
Imprimer cette lettre
Imprimer cette lettre avec ses notes

×
  [1] [2] Appel de note
  [a] [b] Sources de la lettre
  [1] [2] Entrée d'index
  Gouverneur Entrée de glossaire
×
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 17 juin 1660

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0618

(Consulté le 19/03/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Je vous dirai que votre jeune homme [2] s’amende fort. [1] Je lui ai fait beaucoup de remontrances, dont je ne me lasserai point. Je prendrai grand plaisir de le voir devenir plus sage et je veux croire qu’il m’en saura gré quelque jour, mais je n’y serai plus, toutefois il n’importe. Dès que je serai hors de ce pays ici, je serai dans un autre où malaisément se trouvera-t-il plus de fourberie et de filouterie qu’en celui-ci. Socrate [3] et un autre philosophe, dans Élien, [2][4] se consolaient en mourant qu’ils verraient en l’autre monde d’honnêtes gens, des philosophes, des poètes et des médecins. Je suis du même sentiment : si j’y puis rencontrer Cicéron, [5] Virgile, [6] Aristote, [7] Platon, [8] Juvénal, [9] Horace, [10] Galien, [11] Fernel, [12] Simon et Nicolas Piètre, [13][14] feu MM. Moreau [15] et Riolan, [16] je ne serai point en mauvaise compagnie. Il y aura là de quoi me consoler. Je crois qu’il y a force d’honnêtes gens en ce pays-là, en récompense de celui-ci où ils sont fort rares. Je ne vois plus ici que de la cabale, tyrannie, fourberie, singerie, hypocrisie, et tout cela confit en beaucoup de cérémonies et même les plus fins y trompent in nomine Domini ; [3] mais je suis d’avis d’arrêter là et de ne rien dire davantage pour ne pas m’attirer quelque excommunication majeure. [17] Votre fils est allé dîner chez Carolus [18] où se doivent rendre ma femme, [19] ma bru [20] et mes deux belles-sœurs, qui sont allées gagner les pardons à un certain petit saint [4] dont je ne sais pas seulement le nom ; mais ce ne sont pas toujours les pardons qui font aller les femmes, c’est l’envie de trotter, voilà pourquoi on dit ici plaisamment que saint Trotter, saint Caquet [5] et saint Babil sont les plus grands patrons de ce sexe dévot. [21] Vale.

De Paris, ce 17e de juin 1660.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
Licence Creative Commons "Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.
Une réalisation
de la BIU Santé