L. 659.  >
À Claude II Belin,
le 25 décembre 1660

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 25 décembre 1660

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0659

(Consulté le 28/03/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Combien que j’aie peu de loisir, je ne lairrais point de vous écrire fort souvent (puisque mes chétives lettres vous sont si agréables) si j’avais de la matière propre à vous mander. Nous avons ici la rivière [2] fort grosse et néanmoins, nous attendons des livres de Hollande qui n’avancent guère. Ils sont demeurés à Rouen avec l’équipage d’un ambassadeur de Hollande, d’où ils ne peuvent partir d’autant que les bateaux ne peuvent remonter. Enfin, avez-vous donc votre Rabelais ? [3] Personne n’en sait rien ici et si on l’imprime en Hollande, il faut que ce soit en quelque lieu secret et en cachette. [1] J’en attends avec grande impatience un livre curieux imprimé chez Blaeu, [4] qui est Réplique de M. de Girac, pour M. de Balzac contre M. Costar in‑8o[5][6][7] Ce Costar est mort depuis six mois, archidiacre au Mans. J’en espère un autre pareillement, intitulé Eruditorum virorum Epistolæ, qui sera infailliblement beau. [2] On dit que la grande Bible latine est achevée en Angleterre, [8] elle sera en huit volumes et aura les commentaires des plus savants protestants tels qu’ont été Calvin, [9] de Bèze, [10] Petrus Martyr, [11] Grotius ; [12] même, il y aura quelques catholiques et entre autres, Masius, [13] etc. On ne l’a faite que pour l’opposer à notre Biblia Maxima du P. de La Haye, [14] laquelle contient 19 volumes in‑fo et ne se débite guère bien. [3][15] On a depuis peu achevé à Francfort une Histoire de Malte in‑fo [16] en latin, elle est en chemin pour moi. [4][17] Je pense que ceux de Genève ont achevé leurs Theses Sedanenses en deux tomes in‑4o et le livre d’un des ministres de Charenton nommé Daillé, [18][19] de Confessione auriculari[20] On y imprime aussi, d’un médecin fameux de Padoue qui est mort depuis peu, Consilia Benedicti Silvatici[5][21][22] Ils s’y apprêtent pour y imprimer toutes les œuvres de Calvin in‑fo en plusieurs tomes. On parle aussi de tout l’Érasme [23] à Rotterdam, [24] que l’on réduirait en sept tomes, par le retranchement des versions qu’il a faites. [6]

J’apprends que l’on imprime en Hollande quelques œuvres nouvelles de Grotius et entre autres, quelques épîtres latines. On y achève aussi, de Ger. Io. Vossius, [25] un beau livre qui sera cher et précieux aussi bien que bon et utile, Originationes Linguæ Latinæ. Ce livre est un autre Thesaurus de Rob. ou Henri Estienne [26][27] et un autre Etymologicum Martinii[7][28] M. Huguetan a achevé à Lyon son Pauli Zacchiæ Quæstiones medico-legales [29][30] en deux tomes in‑fo. Ce livre sera fort commode dans une bibliothèque car il contiendra quantité de diverses choses dont nous avons quelquefois besoin d’être éclairés. On imprime en Flandre [31] l’Histoire du cardinal de Richelieu en trois tomes in‑4o ; [32][33] c’est celle qui se vend ici chez Bertier, [34] en trois volumes in‑fo, 50 livres[8] Les États de Hollande ont promis au roi, [35] à la sollicitation de M. le président de Thou, [36] notre ambassadeur, que l’on n’imprimera rien en tout leur pays des affaires qui nous concernent sans le consentement du dit ambassadeur. Purpuratus noster nondum plane emersit : adhuc enim eum vexant dolores podagrici[9][37][38][39] On dit que le roi d’Angleterre ne veut point de sa nièce ; [40][41][42] on parle pour lui de l’infante de Portugal, [43][44][45] dont le parti serait avantageux à cause que le roi de Portugal, [46] son frère, est faible, délicat et malsain ; [10] même, il pourrait défendre le Portugal contre les Espagnols, tant par le moyen de Dunkerque [47] qu’il tient que du secours qu’il pourrait envoyer en Portugal car, de malheur pour eux, nous les avons abandonnés dans notre traité de la paix générale. [48] Alia non suppetunt quæ scribam. Vive, vale et me ama, qui sum tuus ex animo, Guido Patin[11]

De Paris, ce 25e de décembre 1660.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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