L. 787.  >
À André Falconet,
le 10 juillet 1664

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 10 juillet 1664

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0787

(Consulté le 25/04/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Le cardinal-légat [2] est ici qui se promène incognito en attendant le jour de son entrée, tout le monde le connaît pourtant bien. Il vient demander pardon au roi [3][4] et nous apporte des indulgences, des Agnus Dei, [1][5] des chapelets et grains bénits, et autres fanfreluches papalines. Il vaudrait bien mieux qu’il fît rabaisser la taille [6] dont tout le monde est fort tourmenté. On parle de la suppression de deux présidents au mortier, savoir de MM. Le Coigneux [7] et de Bailleul, [8] et de deux secrétaires d’État, MM. de Guénégaud [9] et de La Vrillière. [10] Plusieurs parlent des rentes[11] qui en craignent la suppression, mais on dit que le mal ne sera pas si grand.

Dieu conduise M. Anglis [12] et sa jeune noblesse, ce sont d’honnêtes gens. Je baise les mains à M. Jérôme Colot. [13] Son cousin, François Colot, [14] était allé à Autun où il est tombé malade. Il croyait tailler [15] M. l’évêque d’Autun, [16 qui est mort de la pierre avant qu’être taillé. Cet évêque avait été minime [17] et évêque de Riez ; [18] enfin il est mort. [2] Il était cousin de M. de Marillac, conseiller d’État, [19] qui me le dit hier, et neveu de Messieurs les deux frères, du garde des sceaux [20] et du maréchal, [21] qui mourut l’an 1632 près de l’Hôtel de Ville. Ce M. de Marillac, conseiller d’État, est petit-fils du garde des sceaux et père de M. de Marillac, [22] par ci-devant conseiller de la Cour et aujourd’hui avocat général au Grand Conseil, lequel a depuis peu épousé une belle jeune dame, [23][24][25] fille de M. de Saron de Champigny, [26] intendant de justice à Lyon, qui était le bon ami de notre bonhomme feu M. Gassendi. [3][27] Je baise les mains au P. Bertet, j’ai reçu sa lettre et lui ferai réponse bientôt.

Monsieur votre frère [28] est arrivé, il m’a fait l’honneur de me rendre visite et de m’inviter d’aller rendre visite à son patron, M. Roberti. [29] Monsieur votre frère a tant d’affaires qu’il ne sait presque pas de quel côté se tourner. Il ressemble à cet ancien qui quum esset solus, pene faciebat familiam hero suo : [4] il était intendant, maître d’hôtel, argentier, etc., et quid non ? [5] Cela est dans les Fables de Phèdre. [30]

Je me réjouis bien fort de la santé de Mlle Falconet. [31] Le bain [32] et la fréquente purgation [33] de séné [34] et de casse [35] lui seront deux souverains remèdes ; mais il ne faut pas qu’elle s’en lasse jusqu’à ce que sa maladie soit tout à fait finie. Elle aura encore besoin d’être purgée une fois la semaine jusque dans l’hiver, sed paulo validiore medicamento, additis nimirum validioribus medicamentis, nempe syrupis diarhodon et de floribus mali persicæ ; verum apage scammoniatorum omne genus[6][36][37][38] ils la dessécheraient trop. J’ai vu ce matin M. Roberti, logé dans les Feuillants. [39][40] Il est homme d’esprit et d’efficace, en un mot homme d’affaires, et Italien : Legatus est vir bonus, peregre missus ad mentiendum Reipublicæ causa[7][41] Monsieur votre frère y était présent, c’est lui qui m’y a introduit. Je ne manquerai pas de faire mon devoir ; au moins je ferai tout ce que je pourrai afin qu’on ne vous reproche rien après avoir dit tout bien de moi. [8] Je vous baise très humblement les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, ce 10e de juillet 1664.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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