L. 839.  >
À André Falconet,
le 6 octobre 1665

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 6 octobre 1665

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0839

(Consulté le 19/04/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Mon fils aîné [2] est revenu de Bourbon, [3] Dieu merci. Je vous rends grâces de l’amitié que vous avez pour nous et de la chambre que vous lui aviez fait préparer s’il avait pu aller jusqu’à Lyon. Votre compliment et votre courtoisie me font souvenir de ce que me racontait autrefois feu M. Nicolas Bourbon [4] de Bar-sur-Aube, [5] qui mourut l’an 1644, le même jour que le bon pape Urbain viii[6] âgé de 76 ans. C’était un homme qui savait tout et qui était d’un admirable entretien. Il me disait donc qu’Isaac Casaubon [7] n’avait jamais vu Joseph Scaliger [8] et néanmoins, ces deux grands hommes s’entre-écrivaient toutes les semaines. Casaubon eut plusieurs fois envie d’aller en Hollande pour y embrasser son bon ami, mais il arriva toujours quelque chose qui l’empêcha. Il avait mis dans une bourse de velours 200 écus d’or pour faire son voyage. Scaliger le désirait et l’attendait fort, mais ce voyage ne se fit point ; jamais ces deux bons amis, qui étaient les premiers hommes de leur temps, ne se sont vus. Scaliger lui mandait qu’il lui avait fait préparer une belle chambre : Tui tamen etiam erit arbitrii in media hyeme venire, quam luculento foco expugnabimus, qui nunquam deficiet in cubiculo, quod tibi adornabo : quod tamen nullum, præter te, ornamentum habebit ; [1] ce sont les termes de Scaliger en ses Épîtres.

M. Morin [9] dont vous me parlez est docteur de notre Faculté, de la licence [10] de mon second fils Carolus [11] en 1656. [2] C’est un honnête homme bien savant et qui boit volontiers du meilleur. M. le prince de Conti [12] me semble fort délicat. Jamais la vie de personne ne m’ennuya, mais je n’aurais jamais cru que ce prince l’eût faite si longue. C’est un de mes étonnements parmi tant d’incommodités qu’il supporte. J’ai vu ici des fièvres erratiques [13] et quelques quartes, [14] mais il y a peu de malades. Ce jeune médecin qui a ici perdu son procès ne fera jamais miracle ; il a sa bonne part dans la Métamorphose de l’âne d’or d’Apulée : [15] il croit avoir bonne mine, mais il est chargé de mauvaise couleur. [3] Je salue l’incomparable M. Delorme et suis toujours votre, etc.

De Paris, ce 6e d’octobre 1665.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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