L. 840.  >
À André Falconet,
le 13 octobre 1665

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 13 octobre 1665

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0840

(Consulté le 29/03/2024)

 

Monsieur, [a][1]

On dit que la reine mère [2] est mieux et qu’elle a moins de douleurs, mais c’est par le moyen des narcotiques, que je considère là comme des venins qui étoufferont le peu de chaleur qui lui reste à un âge si avancé ; Louis Duret [3] en a fait un bon et savant chapitre. [1] C’est un des plus fins points de notre pronostic, il ne faut pas se fier à cette bonace qui n’est peut-être pas éloignée de la tempête. J’ai aujourd’hui rencontré un nommé M. Grisi qui venait de Lyon et qui m’a fort parlé de vous, que vous étiez le médecin de M. l’archevêque [4] et de son Conseil. Il m’a aussi parlé de M. Moze, [5] l’apothicaire, [6] qui me prise fort, à ce qu’il dit ; sur quoi je lui ai répondu que je m’en étonnais, vu que je n’avais jamais rien fait pour me faire estimer de ces Messieurs les pharmaciens, que je n’avais jamais ordonné de bézoard, [7] d’eaux cordiales, [8] de thériaque, [9] ni de mithridate, [10] de confection d’hyacinthe, [11] ni d’alkermès, [12] de poudre de vipère, [13] ni de vin émétique, [14] de perles, [15] ni de pierres précieuses et autres telles bagatelles arabesques ; [16] que j’aimais les petits remèdes qui n’étaient ni rares, ni chers, et que je faisais de la médecine le plus simplement qu’il m’était possible. Artem profitemur salutarem et beneficam, non prædatricem et loculorum emunctricem[2] vous entendez tout cela mieux que moi. Quoi qu’il en soit, les apothicaires de deçà se plaignent fort et ont raison, car ils ne font guère de choses et presque rien ; mais c’est encore plus qu’ils n’en méritent, sunt enim nequissimi nebulones et turpissimi lucriones, miseri ardeliones, syrupatri, et iulapistæ[3] comme les nomme notre Jacobus Ginterius Andernanacus, [17] qui était médecin de Paris de la licence [18] de Fernel. [4][19] Il mourut ici hier un des conseillers de la Chambre de justice [20] nommé M. Ayrault. [21] Il était du parlement de Bretagne, [22] c’était un de ceux qui opina à la mort contre M. Fouquet ; [5][23] et néanmoins, voilà la Chambre renversée : il est mort lui-même et M. Fouquet est plein de vie ; c’est ce qu’a dit autrefois Sénèque, [24] qu’il y a eu des gens qui ont survécu à leur bourreau. [6] Vale.

De Paris, ce 13e d’octobre 1665.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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