L. 988.  >
À André Falconet,
le 20 juin 1670

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 20 juin 1670

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0988

(Consulté le 19/03/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Il y a eu du désordre dans la famille de M. Vallot, [2] sa grande fortune n’est pas exempte de tristesse et de calamité : sa fille aînée, [3] ennuyée peut-être de n’être pas mariée et poussée d’un saint désespoir, s’est réfugiée dans les carmélites, [4] dont l’on dit que la mère est fort affligée. La prospérité des affaires de ce monde est bien passagère, Érasme [5] a dit dans ses Colloques que le désespoir faisait un soldat, [1] ou un moine. L’évêque de Nevers, fils du dit Vallot, [2][6][7] y est allé pour parler à elle et tâcher de la ramener à la maison, mais il ne l’a pas pu voir, si entière elle est dans cette sainte résolution. Tout cela n’est selon le langage des cagots, comme dit Scarron, [8] que quitter la terre pour gagner le ciel. Ô heureux échange, pourvu que l’on y arrive au gîte et qu’il n’y ait point de fausse monnaie dans le paiement !

Vous savez que notre ville est pleine de gens curieux et affamés de nouvelles. On y parle fort du roi d’Espagne, [9] sur une lettre qui portait que ce prince était malade d’une fièvre double-tierce continue. [10] Il est vrai que s’il mourait ce serait une étrange pomme de discorde dans l’Europe. Pour tout ce qui s’en dit, je ne m’en étonne point car tout le monde enrage de mentir quand il parle de ces grandes nouvelles. Je crois que vous savez mieux que nous s’il est vrai d’une espèce de petite révolte que l’on dit ici être arrivée en Vivarais [11] par les marchands de vin, à cause d’un impôt [12] qu’on voulait mettre sur les cabarets, de 8 livres par an, et dont quelques maltôtiers ont été maltraités. Mundus omnis exercet histrioniam[3][13] Vale.

De Paris, ce 20e de juin 1670.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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