L. latine 183.  >
À Christiaen Utenbogard,
le 14 mars 1662

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Christiaen Utenbogard, le 14 mars 1662

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(Consulté le 20/04/2024)

 

[Ms BIU Santé no 2007, fo 130 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Christiaen Utenbogard, docteur en médecine à Utrecht.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je me réjouis extrêmement que vous ayez bien reçu les trois lettres que je vous ai écrites, et aussi que ma santé se rétablisse, ce pourquoi je reconnais debere gallum Æsculapio[1][2][3][4][5][6] Je salue de tout cœur votre compatriote M. Godin. [2][7] Je vous remercie d’avoir expédié mes lettres à M. Schoock. [8] S’il vous envoie quelque réponse à mon intention, adressez-la, s’il vous plaît, à Leyde, à notre ami M. Vander Linden ; [9] ou bien à Amsterdam, à un Parisien qui s’appelle Simon Moinet, demeurant chez Louis Elsevier ; il est son correcteur et dirige son imprimerie ; il écrit chaque semaine en cette ville à ce Louis Elsevier qui séjourne ici depuis quelques semaines. [10][11] Je vous saurai gré de m’acheter les livres et les opuscules de M. Schoock que je n’ai pas. Sachez que je possède ceux dont vous m’avez écrit, savoir la Dissertatio politica de bonis Ecclesiasticis, ainsi que l’Epistola ad Hornebeckium [12] avec ses Exercitationes sacræ et son Tractatus de Præcisitate. Le fait est que vous m’en aviez fait cadeau et que le frère de l’auteur [13] me les avait remis. Je vous en avais remercié par une lettre qui ne vous est peut-être pas parvenue, dont j’ignore si elle s’est perdue en chemin. [3] Écrivez-moi si vous savez ce que nous prépare maintenant notre Marten Schoock, et s’il a fait imprimer son livre de Fermentatione, ou quelque chose d’autre. Vous m’avez laissé dans le doute et l’incertitude pour le conseil que je vous ai précédemment demandé sur la manière dont je devrais agir pour exprimer ma gratitude envers ce très distingué Monsieur ; j’attends néanmoins d’avoir une occasion de m’en acquitter et délivrer. [4] Je ne me soucie plus guère et ne me soucierai pas de ce théologien de votre pays, qui est un homme violent et emporté, et d’esprit opiniâtre. [5][14] Puissent en effet les dieux vous protéger d’avoir chez vous, comme je vois, des simoniaques et des loyolites, [15][16] qui perturberont vos affaires tout autant que font ici les nôtres. Pour la nouvelle édition des Opera d’Érasme, [17] l’espoir ne fait qu’en luire, on dit en effet que l’impression n’en a pas même été commencée. [6] Quand notre ami Elsevier repartira dans son pays, j’apprêterai un paquet où vous trouverez Les Opérations de chirurgie de François Thévenin et l’Histoire de l’Église d’Antoine Godeau ; [7][18][19] je m’enquerrai des Dialogues d’Antoine Oudin et vous les enverrai si je les trouve, comme vous le souhaitez. [8][20] J’ai un plant de geranium noctu olens ; [9][21] celui qui me l’a donné m’en a promis des graines que je vous [Ms BIU Santé no 2007, fo 130 vo | LAT | IMG] enverrai avec quelques autres qu’on m’a données ; je les mettrai toutes dans une petite boîte, où vous trouverez ce que vous avez demandé. J’apprends que vit à Groningue un savant médecin, Anton Deusing, polygraphe et auteur de nombreux livres. [22][23] Si vous le connaissez et s’il est votre ami, je voudrais que vous le saluiez de ma part ; et si vous trouvez légitime que je sollicite son amitié, je lui écrirai afin de lui faire savoir que je l’honore et le respecte pour des raisons qui m’appartiennent. Je vous demande aussi la même chose au sujet d’un autre professeur hollandais (peut-être d’Alkmaar), [24] fils d’un très savant homme, dont je voudrais mériter la connaissance et l’amitié : il s’appelle von Neuhaus, fils d’Edon. [25][26] Vous déciderez et disposerez de cela selon votre jugement, et si vous parlez de moi à de ces deux personnages, je vous serai profondément reconnaissant. [10] Il n’y a ici rien de nouveau dans nos affaires publiques, mis à part l’extrême cherté de toutes les denrées, et du pain en particulier. [27] Nicolas Fouquet, naguère notre surintendant des finances, est en prison, et son procès encore en jugement ; [28] on dit néanmoins que notre roi veut que l’affaire soit terminée avant Pâques. On disait que le roi irait en Alsace en mai prochain, mais cette expédition a paraît-il été reportée à septembre. [29] On prétend que notre dessein d’acquérir le duché de Lorraine, par la force ou par l’argent, s’est assoupi. [30][31] Ceux qui écrivent de Constantinople annoncent que, par la fourberie et la rébellion des janissaires, on a étranglé les deux premiers princes de la cour du Turc, savoir le pape des turcs, qu’ils appellent mufti, et le grand vizir. [11][32][33][34][35] Dieu permettra peut-être qu’un si grand Empire s’en aille un jour dans les vicieux complots de ses soldats ; pour le bien du monde chrétien, puisse-t-il faire que cela arrive rapidement. Je n’écris rien de l’Angleterre, votre voisine ; on dit pourtant que la jeune Portugaise fera son entrée à Londres dans le mois qui vient. [12][36][37] Vale, très éminent Monsieur, et bien que je ne le mérite pas, continuez de m’aimer comme vous avez fait jusqu’ici, et vous exaucerez ainsi tous mes vœux.

De Paris, ce 14e de mars 1662.

Votre Guy Patin de tout cœur.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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