L. latine 237.  >
À Johann Georg Volckamer,
le 6 avril 1663

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, le 6 avril 1663

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(Consulté le 28/03/2024)

 

[Ms BIU Santé no 2007, fo 142 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johann Georg Volckamer, docteur en médecine de Nuremberg.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Voici que me parvient votre fort agréable dernière par notre ami Nicolas Picques, [2] qui vous remercie pour votre compliment ; tout comme je le fais pour tant de bienfaits et de services que vous m’avez prodigués jusqu’ici. Je vous supplie de les renouveler à l’avenir, pour que continue et se tienne bien au chaud notre très innocent commerce de lettres, sans fraude ni déguisement, à la manière des Anciens. Je suis content que vous ayez reçu le remboursement du prix de vos livres ; Dieu veuille qu’ils m’arrivent enfin. J’ai remercié aussi fort que j’ai pu le très distingué M. Johann Georg Richter [3] pour le livre des Epistolæ de son très distingué père, [4] qu’il vous a remis à mon intention. J’ai ici de lui deux decades Orationum ; je n’ai pas encore vu ses Epistolæ, j’en ai seulement entendu parler par les lettres de notre ami Spon. [1][5] De fait, presque aucun livre ne nous parvient de votre Allemagne à cause de la paresseuse négligence de nos libraires, tant sont grandes leur insouciance et leur honteuse philargyrie[6] Je vous remercie aussi pour les lettres de Thomas Reinesius que vous y avez jointes. [2][7] Le très distingué M. Claude Sarrau, conseiller au Parlement de Paris, que je connus jadis et qui fut mon ami, mourut ici en l’an 1651, [3][8] le jour même de la Pentecôte, [9] après deux doses de vin d’antimoine [10][11] que deux médicastres et vauriens cacochymistes lui avaient malencontreusement administrées. [12] C’était un excellent personnage, très savant et fort aimable ; mais étant obèse et ayant le cou étroit, un tel poison et médicament délétère ne lui convenait absolument pas. Depuis quelques années, il a misérablement tué bien des milliers d’hommes, et ce assurément par l’excessive indulgence de la sainte Thémis. [13] Dieu fasse que vous receviez le mois prochain le Livre de portraits que je vous ai destiné et envoyé à notre ami Spon. [4] Je possède ici d’autres portraits de savants, je vous en enverrai un recueil augmenté, mais par une autre voie, à la fois plus sûre et plus rapide. J’y joindrai aussi deux exemplaires de mon propre portrait, [14] ainsi que de mon fils Charles, [15] pour satisfaire votre curiosité aussi bien que je pourrai. On dit ici qu’il n’y aura aucune guerre avec le pape, [16] ni avec l’empereur.[17] Une suspicion de guerre préoccupe seulement ceux qui conjecturent ou méditent une telle conséquence de la mort imminente, disent-ils, de Philippe iv, roi des Espagnes. [18] J’embrasse et salue de tout cœur le très distingué M. Dilherr, [19] ainsi que M. Felwinger. [20] Après que j’aurai trouvé une voie sûre et commode, je leur enverrai, ainsi qu’à vous et à M. Richter, des jetons d’argent à mon effigie, [21] qui a été gravée par ordre de notre Compagnie, durant mon décanat il y a dix ans. [22] Nous devons avoir le Cardan complet le mois prochain. [23] Nous attendons d’Angleterre le livre de Samuel Bochart de Animantibus sacræ Scripturæ[24] ainsi que le Diogenes Laertius avec les annotations de divers auteurs. [5][25] Si vous les trouvez, je vous demande de m’acheter les œuvres du très distingué M. Michael Dilherr qui suivent : voyez la petite liste jointe. [6] Ce Français, qu’on a rangé parmi les satiriques mineurs, en raison de son de Lite, a été un très grand homme : il s’agit de Michel de L’Hospital, chancelier de France ; [26] ce poème se lit parmi ses Epistolæ, jadis publiées à Paris en 1588, in‑fo, page 78, et ensuite à Genève, in‑8o ; [7] il a trompé le savant Caspar Barthius, [27] qui l’a attribué à un inconnu dans ses Adversaria, page 344 ; [8] Marcus Zuerius Boxhorn a commis la même erreur dans ses Satyrici minores de corrupto Reipublicæ statu, page 16. [9][28] Vale et aimez-moi.

De Paris, le 6e d’avril 1663.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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