L. latine 393.  >
À Johann Theodor Schenck,
le 4 mars 1666

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Theodor Schenck, le 4 mars 1666

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1426

(Consulté le 19/04/2024)

 

[Ms BIU Santé no 2007, fo 205 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johann Theodor Schenck, docteur en médecine, etc., à Iéna.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Notre ami M. Elsner [2] m’a remis votre lettre hier à la sortie de notre Collège royal[3] après l’explication que j’avais faite de l’aphorisme 22, section i[4] en concluant qu’in morborum acutorum initiis numquam esse purgandum, aut quam rarissime[1][5] et que les jeunes médecins doivent tenir ce précepte en grande vénération, car Galien lui-même a déclaré que c’est un oracle pour pratiquer la médecine selon l’art et la méthode. [6] J’en reviens maintenant à votre bien agréable lettre, très distingué Monsieur, dont je vous remercie de toutes mes forces ; mais je n’ai rien sous la main à vous offrir, hormis les quelques thèses que je vous envoie. [7] Je n’ai écrit aucun livre et il y a deux raisons à cela : la première est ma piètre érudition, mon manque d’instruction, vous voyez ce que je veux dire, neque enim omnibus datum est [Ms BIU Santé no 2007, fo 205 vo | LAT | IMG] adire Corinthum ; [2][8][9] j’ai bien éprouvé et reconnais parfaitement quam sit mihi curta supellex ; [10] conveniunt cymbæ vela minora meæ[3][11] La seconde raison tient au loisir et aux heures qu’il faut pour réfléchir convenablement ; jusqu’ici, j’en ai toujours manqué, tant me pressent et m’étouffent presque les visites et consultations médicales qu’il faut assurer auprès d’une foule de malades dispersés en cette immense cité, me laissant à peine le temps de me rendre deux fois par semaine au Collège royal. Vous connaissez fort bien ce vers d’Horace : Carmina secessum scribentis et otia quærunt ; [4][12] ce qui est vrai et même bien laborieux, parmi la masse de tumultes et d’affaires à régler qui surgissent sans cesse et à tout moment, de sorte que ce travail inépuisable engendre en moi de la lassitude et du dégoût ; mais laissons cela. [13] Meyssonnier, médecin de Lyon, est encore en vie, [14] il médite de rééditer toutes ses œuvres ; s’il le fait, je vous enverrai le livre complet ; sinon, du moins, ce que vous m’en demanderez. [5] Si vous voulez bien, pour faciliter grandement nos échanges, vous pourrez désormais m’écrire par l’intermédiaire de mon ami le très distingué M. Johann Georg Volckamer à Nuremberg ; [15] je corresponds très souvent avec lui et vous répondrai par la même voie. Il recevra aussi de vous tout paquet que vous aurez à m’envoyer en le confiant à Thomas Matthias Götze, libraire à Francfort ; [16] lui le remettra à l’un des libraires de Genève, M. Chouët, [17] de Tournes [18] ou Widerholdt ; [19] ils vont chaque année à vos foires [20] et me le feront parvenir en toute sûreté. Nos Parisiens ne s’y rendent pas, tant ils sont paresseux. [21] Je ne discuterai pas les prix ; c’est vous-même qui les fixerez et en recevrez le remboursement de ce même Götze, ou par l’intermédiaire de M. Volckamer, excellent homme dont je vous ai déjà vanté les mérites. On vend à Lyon, en six tomes in‑fo, les Opera omnia de Pierre Gassendi, [22] qui fut jadis mon ami et mon collègue au Collège royal (où il était professeur de mathématiques) ; si vous cherchez à en avoir séparément un volume, ce sera difficile de vous le trouver. Je n’ai vu à acheter aucune édition grecque des écrits d’Oribase. [6][23] Sébastien Rainssant est mort il y a un an, [24] d’une ascite [25] qui avait succédé à une fièvre quarte, [26] âgé de 66 ans ; tout cela lui est arrivé après une section de vessie où on lui avait retiré un calcul. [27] Les œuvres chirurgicales d’Étienne Gourmelen, [28] écrites en français, se vendent ici ; je vous les enverrai si vous voulez. On prépare maintenant en Allemagne une édition de certains écrits du très distingué Hofmann ; [29] on ne les trouve pas encore en France, mais je désire ardemment les tenir en mains. Des manuscrits de ce grand homme traînent ici dans mon cabinet, par l’incurie et la paresse de nos libraires. [30] Dii meliora ! [7] J’ai ici l’Hippocrate de Vander Linden. [31][32] Je vous prie à nouveau de m’indiquer ce que vous désirez venant de notre ville ; quand je le saurai, soyez certain que je vous l’enverrai de très bon cœur. En attendant, vale, très distingué Monsieur, et ne cessez pas de m’aimer, moi qui suis, jusqu’à la mort et au delà,

votre Guy Patin.

De Paris, le 4e de mars 1666.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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