L. latine 431.  >
À Petrus Augustinus Rompf,
le 14 juillet 1667

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Petrus Augustinus Rompf, le 14 juillet 1667

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1464

(Consulté le 28/03/2024)

 

[Ms BIU Santé no 2007, fo 216 ro | LAT | IMG]

Au très brillant M. P. A. Rompf, éminent docteur en médecine à La Haye.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je vous réponds beaucoup plus tard que je n’aurais voulu, sans peut-être vous satisfaire, spatiis exclusus iniquis[1][2] eu égard aux diverses exigences de mon métier et de mon peu de temps libre. Monsieur votre excellent et très savant frère n’a jamais été en dette envers moi : [3] c’est bien moi qui lui dois énormément et à de multiples titres, comme j’en conviens volontiers avec reconnaissance, sans être oublieux de tous les bienfaits qu’il m’a jusqu’ici si généreusement accordés, ainsi qu’à mon fils Charles. [4] Je souhaite que s’offre prochainement une occasion de lui rendre la pareille. Pour votre question sur la pleurésie, [5] je vous répondrai brièvement et franchement : je n’ai jamais assisté à l’ouverture du cadavre d’un pleurétique [6] car, depuis tant d’années que j’exerce ici, je n’ai jamais entendu dire que quiconque y fût mort de pleurésie, étant donné que la saignée représente le remède le plus souverain et le plus certain contre cette affection. [7] Aussi bien les médecins qui maîtrisent parfaitement leur métier et leur art, que les chirurgiens, instruits par sa fréquente pratique, [8] prescrivent ici la phlébotomie hardiment et fréquemment ; comme font même les mulierculæ[2][9] à qui l’expérience quotidienne a parfaitement appris son mérite et son efficacité dans cette maladie. À dire le vrai, je n’ai jamais soigné un malade qui soit mort de pleurésie. Si pourtant, sans tenir compte de mon expérience, vous voulez savoir ce que je pense de cette controverse, voici mon jugement : au début de la maladie, seule la plèvre est affectée par la grande quantité de sérosité bilieuse qui s’y collecte, en l’irritant par son acidité ; [10] mais l’afflux persistant et la maladie continuant à progresser, le poumon lui-même se trouve sans nul doute corrompu et affecté dans sa propre substance ; la matière morbifique s’y propage, le pénètre et le submerge ; voilà pourquoi, dans le cadavre d’un pleurétique, on trouve une lésion du poumon, qui est un abcès, [11] puisqu’il a été écrasé sous le poids et l’abondance de l’humeur peccante qui s’y est transportée depuis la plèvre où elle était initialement contenue. [3] Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.

De Paris, le 14e de juillet 1667.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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