L. latine 437.  >
À Johann Daniel Horst,
le 7 septembre 1667

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Daniel Horst, le 7 septembre 1667

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1470

(Consulté le 20/04/2024)

 

[Ms BIU Santé no 2007, fo 217 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johann Daniel Horst, docteur en médecine, à Francfort.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Ce libraire de votre ville qui a récemment imprimé les Opuscula de Caspar Hofmann, [2] dont je ne sais pas même encore le nom, [3] a commis une grave erreur en voulant envoyer ici, sans aucune lettre, les exemplaires qui m’en sont destinés. Faute d’en avoir une, nos imprimeurs, [4][5][6] asservis et agités par l’espoir du gain, [7] ont jeté les mains sur son tonnelet et retiennent tous les exemplaires qu’on y a emballés pour moi ; cela m’a valu de devoir leur intenter un procès qui n’a pas encore pu être conclu, et j’ignore quand il se terminera. [8] Mais en attendant, je vous prie de le prévenir de ne plus rien m’expédier par la voie de Bâle, ou par quelque autre que ce soit, sans qu’il m’en ait avisé et que je lui aie indiqué par où [Ms BIU Santé no 2007, fo 218 ro | LAT | IMG] je veux qu’il m’envoie quoi que ce soit. Si vous me demandez pourquoi ces marauds agissent et manigancent ainsi contre moi, je vous répondrai en peu de mots : ils se comportent là en pillards avilis et animés par l’appât du lucre, arguant du fait, parfaitement abject, que je veuille faire le libraire et vendre des livres. Grands dieux ! tel n’est pas mon métier, le mien est bien celui d’enseigner publiquement dans la chaire royale que j’occupe et de soigner les malades. [9][10] Voyez, très distingué Monsieur, la sottise de ces fripons, et riez-en. Os hominum ! [1][11] Aussi dirai-je avec Pétrarque, Pulchra sane ars et eximia, sed sceptica, quæ de philosopho facit librarium ! [2][12][13] qui est un métier auquel je n’entends rien. Toute ma vie j’ai acheté des tas de livres, mais n’en ai jamais vendu aucun. Je dirai même avec Juvénal : [14] Quid faciam Romæ ? mentiri nescio ; librum, qui malus est, nequeo laudare[3] À l’âge que j’ai, si je voulais exercer une telle profession, ce serait vraiment descendre ab equis ad asinos[4][15] Vous mettrez donc votre homme en garde et m’aimerez, s’il vous plaît, comme vous avez fait jusqu’ici. Je salue votre très cher fils. [16] Vale, aimez-moi et croyez fermement que je ne veux pas être libraire parce que je ne sais pas mentir. En outre, officina nihil habet ingenui, etc[5][17]

De Paris, le 7e de septembre 1667.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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