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Les 11 observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648)

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits. Les 11 observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648)

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8153

(Consulté le 29/03/2024)

 

Dans ses lettres, Guy Patin a plusieurs fois parlé d’une retentissante thèse cardinale sur la primauté de la « Méthode d’Hippocrate », [1] contre les abus des Arabes, [2] des chimistes [3] et des pharmaciens. [4] Le bachelier Jean-Baptiste Moreau [5] l’avait disputée à Paris sous la présidence de Charles Guillemeau, [6] qui l’avait lui-même écrite. [1]

En voici la chronologie :

  • imprimatur de la Faculté sous condition d’en retrancher certaines attaques jugées inopportunes ; impression achevée le 15 mars 1648 sous la forme usuelle d’une grande feuille recto-verso, Est-ne Hippocratea Medendi Methodus omnium certissima, tutissima, praestantissima ? [2]

  • soutenance le 2 avril 1648 ; [3][7]

  • « elle n’est pas si agréable à tout le monde de deçà » (lettre du 29 mai 1648) ; envoi de la feuille imprimée par Patin à ses amis médecins de Lyon (Charles Spon, Henri Gras), [8][9] de Beaune (Jean-Baptiste i de Salins), [10] et de Troyes (Claude ii Belin, Antoine Blampignon, Nicolas Sorel et Jean Barat) ; [11][12][13][14]

  • parution à Paris, chez Nicolas Boisset, [15] au cours de la seconde quinzaine de juillet 1648, d’une édition française, prévue dès le mois de mars précédent, [4] de la Question cardinale à disputer aux Écoles de médecine, jeudi matin, 2d d’avril, sous la présidence de Me Charles Guillemeau, docteur en médecine de la Faculté de Paris. La Méthode d’Hippocrate est-elle la plus certaine, la plus sûre et la plus excellente de toutes à guérir les maladies ? Avec des observations sur quelques points les plus notables, édition française grandement augmentée de la thèse latine, enrichie d’un Avis au Lecteur de 14 pages, et de 11 observations sur les us et abus des pharmaciens ; ce livre ne contient ni approbation de la Faculté, ni privilège, ni achevé d’imprimer ; [5][16]

  • au début de sa lettre du 27 août 1648 et dans celle du 24 septembre 1648, Patin s’est fort réjoui de l’impuissante irritation des apothicaires de Paris contre la thèse mise en français ; [6]

  • projet apparemment avorté de réédition dans les années 1650. [7]

En éditeur scrupuleux de la Correspondance complète et autres écrits de Guy Patin, j’ai prêté une attention toute particulière à ce livre car, dans sa lettre du 2 octobre 1657 à Claude ii Belin, se souvenant du procès que les apothicaires de Paris lui avaient intenté en 1647, [17] Patin écrivait (en soulignant les mots que je mets en italique) :

« Je me souviens bien que je parlai contre l’abus de leurs drogues, et entre autres contre le bézoard, la thériaque et la confection d’hyacinthe et d’alkermès, dont vous trouverez quelque chose de bon dans les Observations qui sont derrière la Thèse française de feu M. Guillemeau, de l’an 1648, lesquelles sont curieuses, et de ma façon. »

Tirant légitimement argument de cette confidence, Achille Chéreau [18] (Bibliographia Patiniana, xii.‑ Additions à une thèse de Charles Guillemeau, pages 19‑21) a attribué les 11 observations de l’ouvrage à la plume de Patin :

« Guillemeau jugea même opportun, devant un succès aussi éclatant, et afin de vulgariser les idées qui étaient émises dans la thèse, de traduire en français cette dernière, de la faire imprimer et de la distribuer largement. Il fit plus encore : connaissant les talents littéraires, la verve incomparable de son ami Patin, non moins que sa haine invétérée contre les polypharmaciens [19] et les adorateurs de drogues à vertus presque suspectes, il l’invita à enrichir la traduction de sa thèse d’observations personnelles. »

Cela ne ferait pas l’ombre d’un doute si, dans son Avis au lecteur de l’édition française, Guillemeau n’avait revendiqué haut et fort leur entière paternité et pris pour lui seul les protestations qu’elles ne manquèrent pas de soulever :

« Pour donner moins de prise aux critiques et détourner les coups des médisants, qui trouvent à redire sur tout et ne font jamais rien qui vaille, j’ai pris le conseil de cinq ou six des plus fameux médecins de notre École, qui m’ont fait l’honneur de me dire leur sentiment de mon ouvrage et l’ont tous généralement approuvé. Mais d’un autre côté, j’ai été attaqué par les envieux, qui se sont efforcés de faire croire que je n’en étais pas le seul auteur. Je ne doute pas qu’un autre y eût mieux réussi que moi, mais telle qu’elle est, personne ne peut se vanter d’y avoir aucune part, s’il ne veut passer pour un imposteur et pour un fourbe qui tâche d’acquérir de la réputation aux dépens d’autrui. J’ai enrichi cette thèse d’observations et notes nécessaires pour son éclaircissement, et j’ai trouvé à propos de répondre ici à quelques objections qui m’ont été faites. »

Étant donné qu’il est difficile d’être plus clair, comment ne pas se demander si Patin, en octobre 1657, à peine un an après la mort de son ami Guillemeau (21 novembre 1656), ne se payait pas l’audace de revendiquer la paternité de ces 11 observations contre les abus de la pharmacie ? Je les ai lues attentivement pour tenter de discerner la vérité de ce qui serait une insigne forfanterie, et ma conclusion penche plutôt en faveur d’une contribution de Patin.

  • Certains passages ne peuvent à l’évidence avoir été écrits que par Guillemeau [8] et renvoient à des maladies ou à des médecins (de l’Antiquité, ou des xve et xvie s.) que Patin n’a jamais mentionnés dans ses lettres, leçons ou consultations[9]

  • Toutefois, la construction maladroite, avec de fréquentes redites, crée souvent l’impression d’un texte rapiécé, écrit par deux plumes distinctes ; et surtout, on retrouve dans maints passages ce qui ressemble fort à la verve caustique et moqueuse de Patin.

En dépit de mes incertitudes, c’est d’abord et surtout la contribution de ces 11 observations à ma compréhension des pratiques médicales et pharmaceutiques du xviie s. qui m’a convaincu de les insérer dans notre édition, car elles l’ont beaucoup enrichie.

Voici les titres de ces 11 textes, avec leurs liens :

  1. Du séné ;

  2. De l’antimoine ;

  3. Des remèdes cardiaques ;

  4. De l’os du cœur d’un cerf et de la corne de licorne ;

  5. Des perles ;

  6. Des pierres précieuses ;

  7. Du bézoard ;

  8. Des confections d’alkermès et d’hyacinthe ;

  9. Des apozèmes et juleps ;

  10. Du laudanum des chimistes ;

  11. De la thériaque et du mithridate.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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