L. française reçue 19.  >
De François Rassyne,
le 10 janvier 1657

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De François Rassyne, le 10 janvier 1657

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=9048

(Consulté le 29/03/2024)

 

Monsieur, [a][1][2]

J’avais pris la liberté de vous écrire il y a quinze jours pour apprendre de vous l’essence et les causes d’une maladie que je vous ai à peu près décrite par les symptômes et tournement. [1][3][4] Je suis obligé maintenant de vous importuner, et vous supplie très humblement a votre commodité de me donner touchant icelle un mot de votre avis pour réponse à la mienne. Ce médecin dont je vous parle est un nommé Gautrin, [5] qui pratique ici depuis seize ans et qui suit plutôt la maxime des empiriques [6] que celle d’Hippocrate. [7] Il paye quelquefois d’autorité, jamais de raison. Il n’a jamais pu chasser d’accord [2] avec un autre médecin qui nous précède et qui était son ancien. C’est pourquoi je ne puis pas espérer de vivre mieux avec lui. Il n’a point voulu souffrir dans ce rencontre que je fusse appelé ; et cette femme étant décédée, comme une personne de mes amis m’eût prié de voir l’ouverture du corps [8] (qu’il espérait faire en cachette avec quelques chirurgiens de sa cabale), il ne put pas s’empêcher de dire à mon arrivée qu’on lui avait joué d’un tour auquel il ne s’attendait pas. Il aurait volontiers remis la partie, n’eût été qu’il appréhendait que cela se fît sans lui, et qu’il n’eût pas lieu de se défendre de la calomnie dont on commençait déjà à l’attaquer. Je vous dirai qu’auparavant de rien voir, j’assurais qu’on trouverait un abcès dans la poitrine et qu’il pourrait bien avoir aussi quantité de sérosités rouges, comme j’avais remarqué dans ce mien camarade à Montpellier. C’est pourquoi, cela s’étant ainsi vu, je dis véritablement à quelqu’un qui ne s’est pu taire qu’il ne fallait point hésiter dans le commencement à la saigner, [9][10] au lieu d’antimoine. [11] Je ne répondis rien sur-le-champ à cette proposition qu’il avança que le pus qui se rencontra ne venait point d’un abcès, [12] et que ce n’était pas la cause de sa mort, de peur qu’il ne parût que j’eusse été là seulement à dessein de le contredire ; mais comme, depuis, l’affaire a fait bruit et qu’il m’a voulu taxer d’avoir dit qu’il la fallait saigner, j’ai été obligé de maintenir ma proposition et de condamner la sienne touchant l’origine de cet abcès. Il ne m’est pas difficile de me faire croire en cette occasion après avoir perdu ce qui s’est trouvé, et que l’autre s’est trompé premièrement dans la cause d’une indigestion, établissant par après toute la maladie en une inflammation du foie, [13][14] corruption universelle de sa substance, et une dépravation de la faculté sanguifique ; [15] mais je serai content lorsque je saurai votre sentiment là-dessus et pour lors, je me défendrai mieux de ce qu’il pourrait dire au contraire. C’est une grâce que j’ose vous demander et que j’espère que vous m’accorderez. Je serais fort aise qu’une partie de ce que je vous ai mandé pût avoir votre approbation. Ce serait un avantage pour moi qui suis et serai toute ma vie,

Monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur,

Rassyne.

À Gisors, [16] ce 10e de janvier 1657.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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