À André Falconet, le 26 décembre 1662, note 1.
Note [1]

Le premier président Guillaume de Lamoignon devait alors avoir bien d’autres soucis en tête que la dédicace du Cardan qu’on préparait à Lyon chez Huguetan et Ravaud (v. note [8], lettre 749).

Le 11 décembre, le roi, le trouvant trop modéré dans ses sentiments à l’égard des personnes incriminées (et notamment à l’endroit de Nicolas Fouquet, v. note [4], lettre 712), avait donné au Chancelier Séguier l’ordre de venir tous les jours à la Chambre de justice.

Petitfils c (page 402) :

« Colbert […] reprochait à Lamoignon son préjugé en faveur de Fouquet. Une reprise en main s’imposait. Le seul moyen était de remplacer ce rigide magistrat par son supérieur hiérarchique, le Chancelier Séguier, vieillard de 74 ans, dont nul ne pouvait contester le zèle pour le pouvoir ni l’aversion pour l’accusé. Le 10 décembre < 1662 >, à peine revenu de sa visite à Dunkerque rachetée aux Anglais en partie grâce au million de Fouquet, Louis xiv fit venir Lamoignon : “ Cette affaire tourne en longueur, lui expliqua-t-il, je veux l’accélérer ; le Palais vous occupe et vous ne pouvez tout faire. J’ai dit au chancelier d’entrer dorénavant à la Chambre de justice, ce qui ne doit pas vous empêcher d’y aller quand vos occupations vous le permettent. ” »

Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome ii, page 29, année 1662) :

« Le vendredi 22 décembre, M. le premier président, après avoir donné une heure à Nanteuil {a} pour commencer son portrait, alla à la Chambre de justice. Il n’y entre {b} plus les matinées, mais il y va les après-dînées. Il y a diversité de sentiments s’il doit continuer ainsi ou n’y plus aller du tout. Quelques-uns croient qu’il doit cesser d’y aller absolument, devant profiter de cette occasion pour se retirer, et de la Chambre et du procès, et se décharger d’un poids fort pesant ; qu’on a eu dessein de lui faire injure, et la cour {c} ayant fait connaître qu’elle n’avait ni confiance ni considération pour lui, cette injure lui tournait à gloire, comme étant un magistrat ferme et indépendant de la cour ; que, s’il persévère à vouloir entrer, il fera paraître ou trop d’affectation ou trop de faiblesse ; qu’il s’expose à recevoir tous les jours des déplaisirs car on lui ôtera la connaissance de toutes les affaires que l’on voudra et l’on le fera juge, malgré lui, des autres, et alors il sera trop tard de se déclarer, au lieu qu’à présent l’occasion lui est avantageuse. Il peut survenir des difficultés dans la suite où l’on aura besoin de lui et s’il se trouve hors de la Chambre, il faudra le rechercher par toutes les voies, au lieu que, s’il continue, on le chargera des affaires, sans faire aucune avance et comme s’il avait toujours présidé.

Les autres croient qu’il doit dissimuler l’injure qui lui est faite par ce changement et ne faire paraître aucun dépit ; que s’il cesse d’entrer, il paraîtra être malcontent, et qu’il ne doit pas donner cet avantage à ses ennemis ; qu’il se décharge du procès, n’entrant pas les matinées, et néanmoins il paraît être toujours de la Chambre, y entrant les après-dînées ; que, de cette sorte, il choisira les affaires et se trouvera déchargé de tous les inconvénients qui peuvent arriver. »


  1. V. note [14], lettre 490.

  2. Vient.

  3. Le roi.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 26 décembre 1662, note 1.

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(Consulté le 29/03/2024)

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