À André Falconet, le 7 décembre 1666, note 1.
Note [1]

François ii de Verthamon, comte de Villemenon (mort en 1697 à l’âge de 92 ans), cousin de François i, {a} avait été reçu conseiller au Parlement de Paris en 1647 (première des Enquêtes), puis maître des requêtes en 1653 ; Popoff, no 2448 :

« Il avait été déclaré inhabile, lui et sa postérité, de posséder à l’avenir aucune charge de magistrature, par arrêt du Conseil du roi, pour avoir faussement accusé d’incontinence Hardouin de Péréfixe, archevêque de Paris, {b} envers lequel il fut condamné par le même arrêt de faire réparation d’honneur. Il avait entrepris ce prélat pour avoir soutenu contre lui le parti d’un gentilhomme nommé Servon, qui était son ami et qui avait eu recours à lui pour se délivrer de Verthamon dont il était voisin à la campagne, et qui voulait l’accabler ; François de Verthamon s’étant présenté devant le roi à son lever, quelques jours après l’arrêt rendu contre lui, espérant que Sa Majesté lui remettrait une partie des peines portées contre lui, eut ordre de sortir sur-le-champ de la chambre et de se retirer à la campagne, le séjour de Paris lui étant défendu. Sa disgrâce dura cinq ans, au bout desquels il eut l’honneur de saluer le roi à Saint-Germain-en-Laye, avec ses trois fils, le 5 octobre 1671, étant présenté par François de Harlay, archevêque de Paris. » {c}


  1. V. note [3], lettre 884.

  2. De 1662 à 1671, v. note [38], lettre 106 ; l’incontinence qualifiait la débauche de mœurs.

  3. François ii de Harlay de Champvallon (v. note [25], lettre 420), sucsesseur de Péréfixe à l’archevêché de Paris en 1671.

Les Vies intéressantes et édifiantes des Religieuses de Port-Royal, et de plusieurs personnes qui leur étaient attachées… sans lieu, « Aux dépens de la Compagnie », 1752, in‑12, tome quatrième) fournissent quelques détails, mal écrits mais éclairants, sur cette affaire (chapitre xii, pages 236‑237) :

« Ce fut en ce temps {a} qu’arriva l’affaire de M. de Verthamon, maître des requêtes, qui fit grand bruit à Paris, et où éclata la puissance de M. l’archevêque.

Ayant fait un factum où il {b} s’était un peu jeté sur sa personne, {c} laissant obscurément à conjecturer que le page, dont il se servait et qu’il aimait, était le fils d’une femme qu’il avait aimée dans son pays autrefois, et qu’il avait depuis fait venir à Paris et logée auprès de l’archevêché ; et ayant dit à la fin qu’il y avait bien loin depuis le commencement de M. de Péréfixe jusqu’à la dernière élévation d’archevêque, et que A Dominum factum est istud, (savoir le roi) et est mirabile in oculis nostris, {d} comme ayant choisi une buse {e} pour une place si importante, l’archevêque, qui ne pardonne pas aisément, en fit lui-même, et en fit faire par ses curés, des plaintes au roi, qui le {b} fit emmener à la Bastille, et fit ordonner par son Conseil qu’il se déferait de sa charge dans six mois et demanderait pardon à M. l’archevêque en plein chapitre. Ce pauvre homme, qui vit fondre sur lui un orage qu’il n’attendait pas, cala la voile doucement et fut souple, faisant dire par tous ses amis à M. l’archevêque qu’il voulait être son ami. Il fit redonner un autre arrêt du Conseil, par lequel il était dit en tête que, pour lui épargner la honte de demander pardon, on irait lui lire, etc.

Que ne fait point dans les hommes du monde l’intérêt et la peur de perdre une charge ! Il se soumit à tout ; et quoiqu’il vît qu’il était ruiné d’honneur, il ne se sentait pas assez fort pour suivre les conseils de générosité qu’on lui donnait. Il sortit donc après s’être soumis à tout. […] M. de Verthamon ayant toujours espéré de pouvoir conserver sa charge et ayant prié M. de Paris même, {c} qu’il croyait son ami, d’en parler au roi, ce prélat dit un mot à l’oreille de Sa Majesté, et vint dire ensuite à M. de Verthamon que le roi agréait qu’il conservât sa charge ; dont ce pauvre magistrat trop crédule voulant remercier le roi, dès qu’il fut devant lui, il fut rejeté avec la plus grande ignominie du monde, avec ordre de ne jamais paraître devant lui et de se défaire de sa charge. Cet événement fit voir que les plus grands prélats, aussi bien que les autres, ont des inimitiés irréconciliables, et qu’il vaut mieux avoir une bonne guerre avec eux qu’une fausse paix. » {f}


  1. Pendant la détention du janséniste Isaac Le Maistre de Sacy à la Bastille (1666-1668, v. note [5], lettre 867).

  2. Verthamon.

  3. Péréfixe, qui avait été évêque de Rodez avant d’être nommé archevêque de Paris.

  4. « C’est du maître que cela est venu, et c’est un prodige à nos yeux » Psaumes (118:23).

  5. V. note [4], lettre 806

  6. Des liens de Verthamon avec Port-Royal ont pu jouer un rôle dans cette affaire, mais sans preuve formelle que j’aie su en trouver.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 7 décembre 1666, note 1.

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(Consulté le 28/03/2024)

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