À André Falconet, le 18 mars 1671, note 1.
Note [1]

Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome ii, page 610) :

« Le 11 février, Mme de La Vallière se retira à Chaillot chez les religieuses de Sainte-Marie {a} et laissa une lettre pour le roi, qui lui marquait sa retraite et qu’elle n’emportait que son habit gris, laissant le surplus comme étant au roi. Le roi lui envoya M. de Bellefonds, {b} et ensuite M. Colbert, avec ordre de la mener à Versailles, où il allait ; ce qu’il fit, et la dame y alla sur la parole que le roi trouverait bon qu’elle se retirât si elle persévérait. »


  1. Le couvent des visitandines de Chaillot (v. note [1], lettre 720) avait été fondé en 1651 ; v. note [1], lettre 416, pour l’Ordre de la Visitation de Notre-Dame.

  2. V. note [9], lettre 909.

Mlle de Montpensier (Mémoires, seconde partie, chapitre xviii, pages 260‑261) :

« La cour alla le premier jour de carême < mercredi 11 février > à Versailles. Il y avait eu < le 10 > un bal en masque aux Tuileries où Mme de Montespan et Mme de La Vallière n’avaient pas paru. Mme de La Vallière s’en alla dès six heures du matin à Chaillot, aux filles de Sainte-Marie. Le roi y envoya M. Colbert et M. de Lauzun. Nous allâmes à Versailles. Tout le chemin se passa en pleurs, le roi, Mme de Montespan et moi. Je pleurais de compagnie, les deux autres pleuraient Mme de La Vallière, qui les consola bientôt : elle revint ; tout le monde dit qu’elle en avait usé fort sottement ; ou qu’elle devait demeurer, ou faire ses conditions bonnes, et elle revint comme une sotte. Quoique le roi eût pleuré, il aurait été très aise de s’en défaire dès ce temps-là. On parla fort différemment, comme l’on fait de toute chose, de cette retraite, des motifs de ceux qui lui avaient fait faire. Pour moi cela m’était si indifférent que je l’ai oublié, et je ne veux point parler, comme j’ai déjà dit, de ce qui ne me regarde pas. »

Mme de Sévigné à Mme de Grignan (lettre 134, 12 février 1671, tome i, pages 157‑158) :

« La duchesse de La Vallière manda au roi, par le maréchal de Bellefonds, outre cette lettre que l’on n’a point vue, qu’elle aurait plus tôt quitté la cour, après avoir perdu l’honneur de ses bonnes grâces, si elle avait pu obtenir d’elle < Sa Majesté > de ne le plus voir ; que cette faiblesse avait été si forte en elle qu’à peine était-elle capable présentement d’en faire un sacrifice à Dieu ; qu’elle voulait pourtant que le reste de la passion qu’elle a eue pour lui servît à sa pénitence, et qu’après lui avoir donné toute sa jeunesse, ce n’était pas trop encore du reste de sa vie pour le soin de son salut. Le roi pleura fort et envoya M. Colbert à Chaillot la prier instamment de venir à Versailles, et qu’il pût lui parler encore. M. Colbert l’y a conduite. Le roi a causé une heure avec elle et a fort pleuré, et Mme de Montespan fut au-devant d’elle, les bras ouverts et les larmes aux yeux. Tout cela ne se comprend point. Les uns disent qu’elle demeurera à Versailles et à la cour ; les autres, qu’elle reviendra à Chaillot. Nous verrons. »

À la même, le 18 février (lettre 136, page 163) :

« Mme de La Vallière est toute rétablie à la cour. Le roi la reçut avec des larmes de joie, et Mme de Montespan ; elle a eu plusieurs conversations tendres. Tout cela est difficile à comprendre, il faut se taire. »

C’étaient les déchirements de la polygamie royale ; Mlle de La Vallière se retira définitivement trois ans plus tard. La nuit du 9 au 10 février fut la toute dernière de sa vie où Louis xiv dormit à Paris.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 18 mars 1671, note 1.

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(Consulté le 19/04/2024)

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