Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : ii, note 1.
Note [1]

Hieronymi Mercurialis Medici hac tempestate clarissimi Tractatus, de Compositione Medicamentorum, de Morbis Oculorum et Aurium. Ipso prælegente olim Patavii diligenter excepti. Et nunc primum a Michaele Columbo Philosopho et Medico editi. Cum indicibus copiosissimis

[Traités de Girolamo Mercuriali, {a} le médecin le plus distingué de son temps, sur la Composition des médicaments, et sur les Maladies des yeux et des oreilles. Il les a lui-même tirés des leçons qu’il a jadis données à Padoue. Publiés pour la première fois par Michael Columbus, médecin et philosophe. Avec de très riches index]. {b}


  1. V. note [16], lettre 18.

  2. Venise, Junte, 1601, in‑4o.

L’attaque contre l’antimoine se trouve dans le livre ii, chapitre viii, De vehementer purgantium dosi [Sur la dose des médicaments qui purgent puissamment] (page 59 vo) :

Antimonio quod stybi vocabant veteres non usi sunt maiores nostri ad purganda corpora, sed solummodo ad ornandos oculos, ad denigranda supercilia, unde Galenus 6. de val. tuen. 12. appellat mulieres στυβιτζσας quæ oculos colebant antimonio, id quod etiam habetis apud Clementem Alex. in lib. Pædagogi. Tempore nostro Theoph. Paracelsus primus cœpit uti hoc diabolico medicamento non ad purganda corpora, sed ad jugulandos homines.

[Nos aînés n’ont pas employé l’antimoine, que les Anciens appelaient stibium, pour purger le corps, mais seulement pour parer les yeux en noircissant les sourcils ; ce qui fait que Galien, au chapitre xii, livre ii de la Protection de santé appelle stibiées les femmes qui se paraient les yeux d’antimoine, {a} comme vous verrez aussi chez Clément d’Alexandrie, dans le livre du Pédagogue. {b} Dans notre siècle, Théophraste Paracelse a le premier commencé à employer ce médicament diabolique, non pour purger les corps, mais pour égorger les hommes].


  1. Dans ce livre, Galien a employé un mot grec différent du bizarre stubitzsas transcrit par Mercuriali (Kühn, volume 6, page 439) :

    Oculis vero ipsis robur adjicies, si sicco collyrio, quod ex Phrygio lapide componitur, utare, ac sic palpebris specillo inducas, ne oculi membranam intus contingas : ita namque mulieres quotidie faciunt [στιμμιζομεναι γυναικες], quum stibio oculis gratiam conciliant.

    [Vous renforcerez les yeux si vous utilisez le collyre sec, qu’on tire de la pierre de Phrygie (alun), en l’appliquant sur la conjonctive palpébrale à l’aide d’une sonde de chirurgien, afin qu’il n’entre pas en contact direct avec la conjonctive bulbaire, comme font tous les jours les femmes stibiées (stimmizomenaï gunaïkes) quand elles s’embellissent les yeux avec de l’antimoine].

    Galien a aussi parlé d’antimoine pour les yeux dans son traité des Médicaments simples, v. note [11], lettre latine 38.

  2. Clément d’Alexandrie (saint et Père de l’Église grec du iie s.) a fustigé la vanité du maquillage, mais sans parler d’antimoine, dans Le divin Maître ou le Pédagogue, livre ii chapitre x, § l :

    « Si donc Dieu condamne tout ce qu’il peut y avoir de superflu dans la manière de se vêtir et de se nourrir, de quel œil doit-il regarder l’amour immodéré des vaines parures, les couleurs d’étoffe vives et variées, les pierreries, les métaux précieux et artistement travaillés, et cet artifice des cheveux tressés et bouclés ? Que ne doit-il pas dire encore du fard dont on teint les yeux et les joues, des poils que le caprice arrache, et de toutes ces préparations et artifices trompeurs et criminels ? »


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : ii, note 1.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8155&cln=1

(Consulté le 20/04/2024)

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