Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 10 manuscrit, note 1.
Note [1]

Guillaume Gibieuf (Bourges 1583-Paris 1650) fut en 1612 l’un des premiers prêtres à rejoindre Pierre de Bérulle, fondateur de la Congrégation de l’Oratoire en France (v. note [10], lettre 205). Licencié de Sorbonne et théologien de renom, Gibieuf se signala par ses études sur saint Augustin ; elles le menèrent à condamner le jansénisme auquel on l’avait d’abord soupçonné d’adhérer. Il a contribué à créer et a dirigé le séminaire oratorien de Saint-Magloire à Paris (Dictionnaire de Port-Royal, pages 449‑451).

  • « À son sujet, voyez de Thou, tome 3, page 636 », référence ajoutée dans la marge du manuscrit, qui concerne le R.P. Jean Maldonat, {a} dans l’Histoire universelle de Jacques-Auguste i de Thou, livre lxxviii, règne de Henri iii, année 1583 (Thou fr, volume 9, pages 89‑90) :

    « La république chrétienne fit une grande perte à la mort de Jean Maldonat, jésuite né d’une famille noble d’Andalousie et qui, dès l’enfance, avait été très bien instruit dans toute sorte de littérature. Il joignit à une grande étude de la philosophie et de la théologie, beaucoup de piété, une admirable candeur de mœurs et un jugement exact. Il professa pendant dix ans avec réputation au Collège de Clermont, {b} où l’on peut dire qu’il avait pour auditeurs tous les ordres de l’État ; et j’ai assisté moi-même, dans mon enfance, aux leçons qu’il donnait. On croit que son mérite seul fut cause que sa Société, qui était très odieuse à l’Université et déjà fort suspecte aux plus clairvoyants, fut longtemps tolérée par le Parlement, devant qui le procès de l’Université contre elle était pendant. {c} Mais quand les affaires de la Société furent bien établies à Paris, par la réputation que la vaste érudition de ce jésuite seul lui avait acquise, le pape Grégoire xiii {d} le fit venir à Rome. Ce fut là que cet homme laborieux, très appliqué à perfectionner ses ouvrages, tomba dans une maladie causée par ses veilles excessives, et qui l’emporta le 6e de janvier, dans sa 57e année. Il ne fit rien imprimer tant qu’il vécut ; mais après sa mort, un autre savant jésuite, nommé Clément du Puy, publia à Pont-à-Mousson ses commentaires, remplis d’érudition, sur les quatre Évangiles ; et l’on ne doute pas que, si l’édition en eût été faite de son vivant, l’ouvrage ne fût encore plus achevé. {e} Cependant, si nous pouvions avoir quelque jour ce qu’il a fait sur les Actes et les Épîtres des apôtres, on peut dire que les savants et toutes les personnes de piété auraient un ouvrage auquel on en trouverait peu de comparables, et qui pourrait tenir lieu d’un grand nombre de volumes. » {f}


    1. Juan Maldonado, mort en 1583, v. note [12] du Grotiana 1.

    2. V. note [2], lettre 381, pour le Collège de Clermont où les jésuites enseignaient à Paris.

    3. C’est-à-dire « indécis » ; depuis leur installation à Paris, les jésuites n’avaient cessé de se quereller avec la Sorbonne : pour un exemple plus tardif, v. ce qu’il en advint en 1642-1643, dans la note [12], lettre 79.

    4. V. note [2], lettre 430.

    5. Ioannis Maldonati Andalusii Societatis Iesu Theologi Commentarii in quatuor Euangelistas in duos Tomus {i} divisi. Quorum prior eos, qui in Matthæum, et Marcum ; posterior eos, qui in Lucam et Ioannem, complectitur. Hac postrema editione ab innumeris quibus antea scatebant erroribus, expurgati, et pristino nitori suo restituti.

      [Commentaires de Juan Maldonado, théologien de la Compagnie de Jésus natif d’Andalousie, sur les quatre évangélistes, divisé en deux tomes : le premier contient ceux de Matthieu et de Marc, et le second, ceux de Luc et Jean. En cette dernière édition, ils ont été purgés des innombrables erreurs qui s’y répandaient et rétablis en leur primitif éclat]. {ii}

      1. Sic pour Tomos.

      2. Venise, Sessa, 1606, in‑8o, tome i (804 pages) et tome ii (1 030 pages) : 3e de nombreuses éditions, dont la première avait paru à Pont-à-Mousson en 1596, avec approbation de Clemens Puteanus præpositus Provincialis Societatis Iesu in Provincia Franciæ [Clément du Puy, supérieur général de la province française de la Compagnie de Jésus].

    6. Les commentaires de Maldonat sur le reste du Nouveau Testament n’ont pas été imprimés. Un Traité des anges et des démons… (Paris, 1607) et une Somme des cas de conscience… (Rouen, 1613) figurent parmi ses ouvrages français.

  • V. note [13], lettre 106, pour le juriste Jacques i Cujas. À en juger sur le Secunda Scaligerana (page 438), Joseph Scaliger (v. note [5], lettre 34) se faisait une piètre opinion de Maldonat :

    Maldonatus in Evangelia maledicus, insignia tamen quædam habet bona. {a} Ayant tout pris de Monsieur de Bèze, {b} il en médit. Quando aliquid habet boni, furatur a Calvino, et ut agnoscas, maledicti ei, ut Eusebius ex Africano conatur furta sua tegere. {c} Maldonatus non poterat mihi verbum Hispanicum interpretari quod Judæus potuit res coubtar. Solent Judæi Paschate inniti cubito, res constat.


    1. « Maldonat parle mal des Évangiles, il en dit pourtant de bonnes choses, dignes de remarque. »

    2. V. note [28], lettre 176, pour le théologien calviniste français Théodore de Bèze.

    3. « Quand il dit quelque chose de bien il l’a volé à Calvin ; et comme vous verrez, il essaie de dissimuler ses larcins en disant du mal de lui, comme fait Eusèbe avec Africanus. »

      V. note [23], lettre 535, pour Eusèbe de Césarée, dont Scaliger a édité et commenté le Thesaurus temporum [Trésor des calendriers] ; il dénonçait ici le mal qu’Eusèbe a dit de son prédécesseur Sextus Julius Africanus (chronologiste romain du iiie s.), tout en lui empruntant sans le citer.

      La note K de Bayle sur Maldonat a commenté cet avis de Scaliger (sans en citer la dernière phrase).

    4. « Maldonat avait été incapable de me traduire le mot espagnol res coubtar, comme a su le faire pour moi un juif : le fait est que, pour la Pâque, les juifs s’appuient sur le coude. »

      Ma traduction se fonde sur le rite établissant qu’au repas (séder) le la Pâque juive (Pessa’h), les convives mangent en s’accoudant, à la manière des anciens Romains. Là s’arrête mon explication : en espagnol, coude se dit codo (colze en catalan), et s’accouder, acodarse, ce qui est phonétiquement éloigné de coubtar (mot auquel je n’ai trouvé de lien ni avec l’hébreu ni avec le ladino) ; son association à res, que ce soit en espagnol (où je ne lui ai trouvé que sens de viande de bœuf), ou en latin (affaire, fait, etc.), ne m’a pas aidé non plus.


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 10 manuscrit, note 1.

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(Consulté le 17/04/2024)

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