À Claude II Belin, le 12 mars 1646, note 10.
Note [10]

Antoine Godeau (Dreux 1605-Vence 1672) s’était fait remarquer pour ses talents poétiques par Richelieu qui le pourvut en 1636 de l’évêché de Grasse (précédemment évêché d’Antibes, jusqu’en 1244). En 1638, à la mort de l’évêque de Vence, Pierre Du Vair (v. note [6] du Borboniana 10 manuscrit), Godeau avait plaidé pour la réunion des évêchés voisins de Grasse et de Vence, annexion qui lui avait été accordée en 1639 et confirmée par les bulles d’union de 1644, mais que Mazarin rompit en 1653. Godeau quitta alors l’évêché de Grasse (qui fut attribué à Louis de Bernage) pour celui de Vence, qu’il occupa jusqu’à sa mort. Ami de Jean-Pierre Camus, ses œuvres poétiques et romanesques lui avaient valu d’être l’un des premiers membres de l’Académie française.

Ayant des sympathies marquées pour le jansénisme naissant, Godeau devait trop à Richelieu pour avoir osé mettre grand zèle à défendre Saint-Cyran lors de son long emprisonnement. Là-dessus, dans une lettre du 25 mars 1639, Jean Chapelain (v. note [15], lettre 349) lui avait fait part du mécontentement de Robert Arnauld d’Andilly (v. note [4], lettre 845) :

« Il m’a témoigné de l’étonnement et quelque chose de plus […], qu’il se soit passé près d’un an depuis, {a} sans que vous lui en ayez écrit un mot, comme s’il n’avait pas besoin de consolation dans une si fâcheuse rencontre et si l’homme […] n’était pas dans votre approbation et dans votre amitié. Je crois que cela mérite que vous lui fassiez un compliment et que, sans entrer fort dans la matière, vous lui guérissiez l’esprit de l’opinion qu’il a peut-être de votre inconstance. »


  1. L’arrestation de Saint-Cyran en mai 1638.

Richelieu étant mort, Godeau se rattrapa dans l’éloge dithyrambique de Saint-Cyran qu’il mit dans la nouvelle édition du Petrus Aurelius (Gallia Christiana et Dictionnaire de Port-Royal, pages 457‑459). Il prit cependant la précaution de ne pas signer ce texte de trois pages, intitulé Petro Aurelio theologo, veritatis amatori acerrimo, hierarchiæ vindici iustissimo, episcoporum defensori invictissimo, Elogium. Generalis Coetus Cleri Gallicani patres congregati anno Christi m.dc.xlvi. scripsere [Éloge de Petrus Aurelius, théologien, qui est l’amoureux le plus passionné de la vérité, le plus équitable protecteur de la hiérarchie ecclésiastique, le plus invincible défenseur des évêques. Les pères de l’Assemblée générale du Clergé français, réunis en l’an du Christ 1646, l’ont écrit].

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 12 mars 1646, note 10.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0133&cln=10

(Consulté le 18/04/2024)

Licence Creative Commons