À Charles Spon, le 19 février 1649, note 10.
Note [10]

Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome i, page 162, février 1649) :

« Jeudi 18, temps froid et après dîner, neige. Confirmation de ce qu’on disait hier sur ce qu’une lettre fut interceptée, écrite par l’évêque de Dol, Cohon, il a été arrêté et a des gardes dans son logis ; et que, parce que dans cette lettre, qui porta plusieurs avis à Saint-Germain, il est dit que l’évêque d’Aire, résolu de se dérober de Paris et de s’en aller en cour, lorsqu’il y serait, en dirait davantage, ledit évêque d’Aire, Boutault, a de même été arrêté et a des gardes dans sa maison. Il fut arrêté, soupant chez le sieur Thévenin, près la porte Richelieu, par un exempt des gardes du prince de Conti. »

Gilles Boutault (Tours 1594-1661) avait été nommé évêque d’Aire-sur-Adour en 1627. Il fut transféré à Évreux en avril 1649 laissant son siège à Charles d’Anglure. « Confirmation de la mort de l’évêque d’Évreux, sieur du Perron, à qui l’évêque d’Aire est choisi [par le roi] pour succéder » (Dubuisson-Aubenay, 18 février 1649, tome i, page 163).

Anthyme-Denis Cohon (Craon, Mayenne 1594-Nîmes 1670), docteur de Sorbonne ordonné prêtre en 1619 et détenteur de plusieurs bénéfices ecclésiastiques, avait été nommé évêque de Nîmes en 1633, puis de Dol depuis février 1644. Durant toute la Fronde il fut un agent actif de la cour et de Mazarin. Les libelles frondeurs ne l’ont pas épargné, tel celui qui portait le titre d’Avertissement à Cohon, évêque de Dol et de Fraude, par les cuistres de l’Université (sans lieu ni nom, 1649, in‑4o). Il reprit son premier siège épiscopal de Nîmes en 1655 à la mort d’Hector Douvier qui lui avait succédé. Cohon fut un prédicateur réputé : il a notamment prononcé un éloge funèbre de Louis xiii et de la reine d’Espagne, et le discours du sacre de Louis xiv (G.D.U. xixe s., Triaire et Jestaz). Une inscription dans la cathédrale de Nîmes a célébré ses mérites (Gallia Christiana) :

« Cette chapelle a été bâtie par la piété d’illustrissime et révérendissime évêque de Nîmes messire Anthyme Denys Cohon, prédicateur ordinaire et conseiller du roi en tous ses conseils. Il naquit en la ville de Craon, province d’Anjou, au commencement de septembre 1594 et mérita la réputation d’un excellent prédicateur dès l’âge de 25 ans. Pour sa science, son éloquence et ses autres vertus, le roi Louis xiii lui donna cet évêché où la religion gémissait sous l’oppression de l’hérésie des calvinistes qui triomphaient sur la ruine de tous ses temples et monastères qu’ils avaient abattus, et par le sang des prêtres et des catholiques qu’en 1567, un mardi 29 septembre, ils avaient jetés pendant la nuit dans le puits du palais épiscopal. Il défendit en bon pasteur et rassura les restes de ses brebis encore épouvantées, et augmenta considérablement leur nombre par ses sueurs et ses aumônes. On ne voit presque aucune église ici, non pas même cette cathédrale, qui ne soit relevée par ses bienfaits ou par ses soins, et signala sa charité au péril de sa vie, mais principalement dans le temps de la peste en 1640 qui frappa son troupeau et le couvrit de gloire. Il en perdit la vue, non pas l’inclination, depuis 1643 jusqu’en 1655 que le roi Louis xiv le rendit à sa première épouse, à l’instance du clergé et du peuple de Nîmes, où il mourut en 1670 un vendredi 7e jour de novembre, après avoir laissé à son diocèse, à cette ville et à son chapitre, qu’il aimait tendrement, beaucoup de belles fondations et précieux ornements, qui sont des monuments éternels de sa dévotion et de sa libéralité. Son corps repose dans le tombeau qui est près le côté de l’Évangile. Priez Dieu pour son âme. »

Journal de la Fronde (volume i, fo 19 ro, janvier 1649) :

« Le 15, M. de Cohon, ci-devant évêque de Dol, confident du cardinal Mazarin, fut arrêté prisonnier en cette ville et mis dans le couvent des pères de l’Oratoire. »

Lettre de Mazarin à M. l’évêque de Dol, datée de Saint-Germain, le 10 janvier 1649 (tome iii, page 255) :

« Je vous fais ce mot pour vous prier de trouver quelque moyen de me donner des nouvelles le plus souvent qu’il sera possible dans toutes ces conjectures-ci, prenant soin de vous informer particulièrement de tout ce qui se passe. […] Si on pouvait imprimer secrètement à Paris quelque chose de populaire pour désabuser les peuples des impressions qu’on leur donne, il n’y faudrait pas perdre de temps. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 19 février 1649, note 10.

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(Consulté le 29/03/2024)

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