À Nicolas Belin, le 5 juin 1649, note 10.
Note [10]

Gabriel Naudé (Mascurat, pages 653‑654) ne partageait pas l’opinion de son ami Guy Patin sur cet ouvrage épouvantablement calomnieux du P. Pierre Jarrige contre les jésuites (v. note [7], lettre 162) :

« Mais néanmoins, Saint-Ange, puisque tu voudrais avoir l’exemple d’une médisance plus longue, plus universelle, plus sanglante, et expliquée en plus grand nombre d’écrits scandaleux, de libelles diffamatoires et de pasquinades {a} insolentes que n’a été celle qu’on a exercée pendant ces trois mois contre le cardinal Mazarin, considère un peu celle qui a été faite contre la Compagnie des jésuites, à commencer, s’il faut ainsi dire, dès le moment de son institution. Tu la verras enregistrée dans un nombre de libelles si grand qu’homme du monde ne les peut tous recueillir. Tu la verras expliquée non seulement en toutes langues, mais aussi en toutes les façons d’écrire, en toutes les différences de style. Tu verras qu’on les accuse de tant de crimes que le diable n’en a jamais commis davantage ; qu’on les met en butte aux hérétiques, aux envieux, aux intéressés, à leurs faux frères et à tous les ennemis de leur Compagnie ; que non seulement les libelles, mais les gros livres in folio et in quarto remplis de leurs malversations, malices, ignorances, abominations, pleuvent de tous côtés sur leurs têtes ; que l’on en compose des histoires scandaleuses de leur Ordre, témoins celles que les Hospinianus, les Lucius, et les Polycarpus Leyserus nous ont données ; que l’on en fait des recueils sous le titre de Mercure jésuite, avec assurance d’en faire plus de volumes qu’il y en a en celui de France. {b} Quoi plus, on les a mis depuis six mois sur l’échafaud, et néanmoins personne n’a jamais cru que les jésuites fussent coupables de tout ce dont tant de milliers de libelles les accusent. Personne n’a aussi observé que ces nuages de médisances, ces carreaux {c} dardés par tant de mauvaises langues, ces foudres de la plus horrible calomnie que l’on puisse souffrir aient empêché le moindre progrès de leur fortune ou refroidi la bonne affection que tous les honnêtes gens ont coutume de leur porter. Et j’ose bien me promettre qu’il en sera de même de tous ces libelles publiés avec tant d’animosité contre le cardinal Mazarin. »


  1. V. note [5], lettre 127.

  2. V. note [2], lettre 9.

  3. D’arbalète.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Nicolas Belin, le 5 juin 1649, note 10.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0179&cln=10

(Consulté le 29/03/2024)

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