À André Falconet, le 9 janvier 1660, note 10.
Note [10]

« pour sa cruauté à découper et à brûler » ; Pline (Histoire naturelle, livre xxix, chapitre vi ; Littré Pli, volume 2, page 299) :

Cassius Hemina ex antiquissimis auctor est, primum e medicis venisse Romam Peloponneso Archagathum Lysaniæ filium, L. Æmilio, L. Julio coss. anno Urbis dxxxv, eique jus Quiritum datum, et tabernam in compito Acilio emtam ob id publice : vulnerarium eum fuisse dictum ; mireque gratum adventum ejus initio ; mox a sævitia secandi urendique, transisse nomen in carnificem, et in tædium artem omnesque medicos.

« Cassius Hemina, auteur des plus anciens, rapporte que le premier médecin qui vint à Rome fut Archagathus du Péloponnèse, fils de Lysanias, sous le consulat de L. Æmilius et de L. Julius, l’an de Rome 535, {a} qu’on lui donna le droit quiritaire et qu’on lui acheta des deniers publics une boutique dans le carrefour Acilien ; qu’il fut appelé Vulnerarius {b} à cause de sa spécialité ; que d’abord sa venue fut merveilleusement agréable, mais qu’ensuite sa cruauté à couper et à brûler lui fit donner le nom de bourreau, et dégoûta de l’art et de tous les médecins. »


  1. 218 av. J.‑C.

  2. Médecin des plaies.

Comme Guy Patin, Éloy (1778) a tiré argument de l’histoire d’Archagatus pour affirmer la prééminence de la médecine sur la chirurgie :

« C’est ainsi qu’on a quelquefois chargé la médecine des reproches que la chirurgie seule avait mérités et qu’on a attribué à la première les fautes commises dans la pratique de la seconde. La chirurgie, plus éclairée aujourd’hui par les lumières qu’elle doit à la médecine, est fondée sur des principes assez sûrs pour ne plus s’égarer. Elle est partout en honneur ; mais jalouse de sa gloire, elle se la réserve tout entière et ne veut pas la partager avec la médecine qui, dans des temps moins brillants, a fait plus que de partager ses opprobres. Les chirurgiens auraient-ils oublié que c’est à la médecine qu’ils doivent leur existence, que c’est d’elle qu’ils tiennent les principes essentiels de leur art ? Sans remonter à ces siècles où les médecins étaient occupés à former, par leurs instructions et leurs ouvrages, des chirurgiens capables de servir le public, on ne peut jeter l’œil sur ce qui s’est passé dans des temps moins éloignés sans s’apercevoir de tout ce que la chirurgie doit à la médecine. C’est elle qui a poussé l’art de guérir par l’opération de la main [sens étymologique du mot chirurgie] à l’état florissant où l’ont trouvé les chirurgiens de notre siècle. »

S. in Panckoucke (1820) a terminé sur deux phrases assassines son article au sujet d’Archagatus :

« Éloy a fait à cette occasion les réflexions les plus ridicules relativement à la prééminence de la médecine sur la chirurgie. Il faut, comme le disait Bordeu, des vendeurs d’orviétan et des gros Thomas, même à Paris. »

Nul ne songe plus aujourd’hui à mettre en doute l’irremplaçable contribution des chirurgiens à sortir la médecine du dogmatisme hippocrato-galénique et à lui permettre sa salutaire révolution du xixe s.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 9 janvier 1660, note 10.

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(Consulté le 19/04/2024)

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