À André Falconet, le 22 mars 1661, note 10.
Note [10]

Insatiable querelleur, François Blondel, qui n’était plus doyen depuis le 18 décembre 1660, entamait alors une nouvelle dispute contre la Faculté de médecine de Paris : son successeur, Philibert Morisset, refusait de rendre à Blondel la somme rondelette qu’il disait avoir tirée de sa propre bourse au profit de la Compagnie des docteurs régents pendant les deux années de son décanat. Ce fut l’objet d’une plainte devant le Parlement, dont les principaux arguments se trouvent dans la requête de François Blondel (transcrite dans les Comment. F.M.P., tome xiv, pages 614‑618) :

« À nosseigneurs de Parlement, supplie humblement François Blondel, docteur régent en la Faculté de médecine, en l’Université de Paris, disant qu’ayant été élu doyen de ladite Faculté en l’année 1658, il aurait, suivant l’usage et règle pratiqués de tous temps, payé et remboursé à M. Roland Merlet, docteur pareillement en ladite Faculté, qui sortait de son décanat, la somme de 789 livres 8 sols, qui se trouva lui être due par le reliquat du compte qu’il avait rendu à ladite Faculté, étant des principes que les sommes qui sont mises par le doyen en charge et déboursées par lui pour les intérêts et les affaires de ladite Faculté lui sont rendues par son successeur, ce qui n’a jamais reçu de contestation. En conséquence de quoi, le suppliant ayant exécuté son décanat avec tout le soin, toute l’exactitude et tout l’honneur possible, aurait rendu un premier compte le 29 décembre 1659, par lequel ladite Faculté se serait trouvée lui être reliquataire et redevable de 1 617 livres et 5 sols 3 deniers d’une part, et 507 livres d’autre ; après quoi, ayant été continué dans ladite charge une autre année, il avait rendu son dernier compte le 21 mars 1661, par lequel la Faculté se trouve redevable envers lui de la somme de 4 066 livres 6 sols, y compris lesdites sommes contenues en son premier compte ; de laquelle somme le suppliant ayant demandé le remboursement à Me Philibert Morisset, docteur en ladite Faculté qui a succédé audit suppliant en sadite charge. Enfin, après beaucoup de refus, il avait été obligé de le faire assigner par devant le prévôt de Paris, le 13 avril 1661, pour s’y voir condamné et reconnu dépositaire des deniers de la Faculté, et aux intérêts, où ledit Morisset ayant comparu il n’avait allégué que de frivoles et ridicules défenses, savoir qu’il avait des deniers entre ses mains, mais que le doyen n’est obligé de rembourser à celui qui sort de sa charge que les sommes modiques ; ce qui est tellement contre l’usage et l’esprit de ladite Faculté que le 7e du mois de mai ensuivant, le suppliant s’étant plaint du refus et de l’injustice et de la mauvaise foi dudit Morisset à la Compagnie assemblée le samedi, elle avait […] déclaré que ledit Morisset lui doit payer ladite somme, l’ayant entre ses mains des deniers de la Faculté, voire même une plus grande ; mais quand il serait vrai […] que ledit Morisset n’aurait pas cette somme entière entre ses mains, il est obligé de l’avancer […]. Et parce que ledit Morisset se plaignait de ce résultat et de cette assemblée, le suppliant avait demandé au Châtelet la permission de faire une seconde assemblée pour mettre ledit Morisset hors de doute, ce qui sans doute lui devait être accordé ; mais au lieu de ce faire et de juger ladite instance, ledit Châtelet de Paris l’avait appointé, ce qui donne lieu audit Morisset de chercher de nouvelles chicanes pour s’empêcher de payer, s’il n’est par la Cour pourvu au suppliant. Ce considéré, nosseigneurs, il vous plaise recevoir le suppliant appel dudit appointement, ordonner que sur l’appel dudit suppliant […] faire assembler ladite Compagnie pour délibérer sur sa demande et sur le décret du 7 mai 1661 par icelle rendu, et que ladite assemblée, l’ancien, autre que ledit Morisset qui y a partie, y présidera, qui sera faite les jour et heure qu’il plaira à la Cour […]. »

En réponse, le Parlement rendit, le 11 juin 1661, un arrêt concluant en ces termes : « Vu par la Cour la requête à elle présentée par Me François Blondel […] la Cour ordonne que la Faculté s’assemble mardi prochain, 21e du présent mois deux heures de relevée, à laquelle M. François Guénault, ancien docteur régent présidera, et en cas d’absence, […] tel autre ancien qui en sera requis par ledit suppliant pour recueillir les voix […] » ; mais la chicane allait traîner en longueur.

On serait bien tenté de donner tort à l’insupportable Blondel, mais les comptes qu’il rendit à la Faculté ce 21 mars 1661 attestaient tout de même sa bonne foi : le Tabulæ expensi ordinarii et extraordinarii a die Sabbathi 8a Novembris 1659 ad diem Sabbathi 18am Decembris 1660, M. Francisco Blondel, Parisino, Iterum Decano [Relevé de la dépense ordinaire et extraordinaire établi par M. François Blondel, de Paris, doyen pour la seconde année, allant du samedi 8 novembre 1659 au samedi 18 décembre 1660] (ibid. pages 593‑609) concluait à un solde de 4 718 livres et 3 sols pour les recettes, contre 10 910 livres 6 sols pour les dépenses ; en écrivant cela de sa propre main, Morisset convenait qu’une partie du solde négatif (3 166 livres 6 sols) avait été prise en charge par Blondel ; la signature de tous les docteurs présents suivait ce bilan. V. notes [9] et [10], lettre 748, pour la suite de cette interminable querelle.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 22 mars 1661, note 10.

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(Consulté le 19/04/2024)

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