De Charles Spon, le 28 août 1657, note 10.
Note [10]

Simon le Mage ou le Magicien, un des fondateurs de la philosophie gnostique, né en Samarie, était contemporain de Jésus-Christ. Il adhéra au christianisme naissant dans l’idée de pénétrer le mystère des miracles qu’accomplissaient les apôtres après la mort de leur maître. Il offrit même pour cela de l’argent à Pierre, qui lui rétorqua (Actes des apôtres, 8:20) :

Pecunia tua tecum sit in perditionem, quoniam donum Dei existimasti pecunia possideri. {a}

« Périsse ton argent, et toi avec lui, puisque tu as cru acheter le don de Dieu à prix d’argent ! » {b}


  1. Vulgate catholique (v. note [6], lettre 183).

  2. Traduction de l’École biblique de Jérusalem.

    De là nous est venu le mot simonie pour désigner le trafic des choses saintes.

Alexandrian (Histoire de la philosophie occulte, chapitre premier, La grande tradition de la gnose) a analysé la « gnose simonienne » en la rapprochant du libertinage érudit (page 49) :

« Le Christ ayant eu douze apôtres, Simon le Magicien avait trente disciples, comme s’il était l’homme-dieu lunaire opposé à l’homme-dieu solaire. Il observait un sabbat tous les onze jours ou le onze du mois. Il lisait en public des passages de l’Ancien Testament pour prouver qu’on y traitait d’un Dieu aux œuvres imparfaites. Dans sa dispute de trois jours à Césarée avec saint Pierre, il soutint qu’Adam a été créé aveugle, en se référant à la Genèse où il est dit que lorsque Adam et Ève eurent mangé du fruit défendu, leurs yeux s’ouvrirent et ils virent seulement qu’ils étaient nus. L’apôtre donnant à cette expression un sens métahorique, Simon lui répondit qu’en ce cas “ c’est l’esprit d’Adam qui était aveugle ”. Voilà pourquoi on tint Simon le Magicien pour le chef des libres penseurs de son temps […]. Les Homélies du pseudo-Clément ier disent de Simon : “ Il ne croit pas à la résurrection des morts. Il renie Jérusalem et y substitue le mont Garizim. À la place de notre véritable Christ, il se proclame lui-même Christ. Il interprète allégoriquement la Loi d’après ses propres idées préconçues. ” »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Charles Spon, le 28 août 1657, note 10.

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(Consulté le 18/04/2024)

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