À Charles Spon, le 1er décembre 1654, note 11.
Note [11]

« Nul mortel n’est heureux » ; Pline (Histoire naturelle, livre vii, chapitre xli ; Littré Pli, volume 1, page 300‑301) :

Gentium in toto orbe præstantissima una omnium virtute, haud dubie Romana exstitit. Felicitas cui præcipua fuerit homini, non est humani judicii : quum prosperitatem ipsam alius alio modo, et suopte ingenio quisque determinet. Si verum facere judicium volumus ac repudiata omni fortunæ ambitione decernere, mortalium nemo est felix. Abunde agitur atque indulgenter fortuna decidit cum eo, qui jure dici non infelix potest. Quippe ut alia non sint, certe ne lassescat fortuna, metus est : quo semel recepto solida felicitas non est.

« De toutes les nations de l’univers, la plus éminente par sa vertu a été la nation romaine ; cela n’est sujet à aucun doute. Mais quant à juger quel homme a joui du plus grand bonheur, nul ne le peut ; car les uns déterminent le bonheur d’une façon, les autres d’une autre, et chacun d’après ses propres sentiments. Si nous voulons porter un juste jugement, et < nous > prononcer en laissant de côté toutes les illusions de la fortune, nul mortel n’est heureux. La fortune a été favorable et bonne à celui dont on peut dire avec raison qu’il n’a pas été malheureux. En effet, pour ne pas parler du reste, toujours est-il que l’on craint les infidélités du sort : cette crainte une fois admise, il n’y a plus de félicité solide. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 1er décembre 1654, note 11.

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(Consulté le 24/04/2024)

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