À André Falconet, le 2 septembre 1667, note 11.
Note [11]

Tertullien, Apologétique, chapitre xvi :

Nam, ut et quidam, somniastis caput asininum esse Deum nostrum. Hanc Cornelius Tacitus suspicionem eiusmodi inseruit. Is enim in quinta Historiarum suarum bellum Iudaicum exorsus ab origine gentis etiam de ipsa tam origine quam de nomine et religione gentis quæ voluit argumentatus, Iudæos refert Ægypto expeditos sive, ut putavit, extorres vastis Arabiæ, in locis aquarum egentissimis cum siti macerarentur, onagris, qui forte de pastu potum petituri æstimabantur, indicibus fontibus usos ob eam gratiam consimilis bestiæ superficiem consecrasse. Atque ita inde præsumptum opinor nos quoque, ut Iudaicæ religionis propinquos, eidem simulacro initiari. At enim idem Cornelius Tacitus, sane ille mendaciorum loquacissimus, in eadem Historia refert Gnæum Pompeium, cum Hierusalem cepisset proptereaque templum adisset speculandis Iudaicæ religionis arcanis, nullum illic repperisse simulacrum. {a}

« Quelques-uns de vous ont rêvé que notre Dieu était une tête d’âne. Tacite est l’auteur de cette ridicule invention. Dans le cinquième livre de son histoire, où il parle de la guerre des Juifs, il remonte à l’origine de ce peuple. Après avoir dit sur leur origine, sur leur nom et leur religion tout ce qu’il lui plaît d’imaginer, il raconte que les Juifs, libres du joug de l’Égypte, ou, comme il le pense, chassés de ce pays, et traversant les vastes et arides déserts de l’Arabie, étaient près de mourir de soif lorsqu’ils aperçurent des ânes sauvages qui allaient boire, et qui leur découvrirent une source. Il ajoute que, par reconnaissance, ils consacrèrent une statue représentant un âne. De là on a conclu, j’imagine, que les Chrétiens, rapprochés par leur religion du culte judaïque, adoraient la même idole. {b} Cependant ce même historien, si fertile en mensonges, {c} rapporte dans la même histoire que Pompée, après s’être rendu maître de Jérusalem, entra dans le temple pour y surprendre ce qu’il y avait de plus secret dans la religion des Juifs, et qu’il n’y trouva aucun simulacre. » {d}


  1. La traduction qui suit est cette d’Antoine-Eugène de Genoude (1852).

  2. Résumé fidèle des chapitres iii et iv du livre v des Histoires de Tacite.

  3. Dans une traduction plus littérale du passage cité par Guy Patin : « Corneille Tacite, qui est vraiment le plus bavard des menteurs ».

  4. Les simulacres sont des idole à adorer (dont les Romains étaient fort friands).

    Tertullien présente un peu différemment les mêmes arguments et porte le même coup de griffe contre Tacite dans le chapitre xi, livre i Aux Nations.


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 2 septembre 1667, note 11.

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(Consulté le 29/03/2024)

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