À Johannes Antonides Vander Linden, le 31 décembre 1660, note 11.
Note [11]

En souhaitant une péripneumonie (v. note [11], lettre 219) à Mazarin, Guy Patin ne cachait pas son impatience de le voir mourir, car c’était toujours alors une très grave maladie (elle emporta Patin lui-même en 1672). Son lien avec la goutte (podagre) n’en est pas moins difficile à comprendre aujourd’hui, sauf à croire ce qu’a écrit Jean Fernel, en 1554, sur l’« humeur goutteuse » (Pathologie, Paris, 1655, pages 517‑518) :

« À n’en point mentir, ceux-là se trompent qui pensent que cette humeur vienne des parties internes pour se jeter sur les jointures. Car comment se peut-il faire que quelque humeur sorte des viscères et des parties plus enfoncées, et passe toute pure par les veines ? ou que celle, qui était naguère mêlée dans la masse du sang, coule de là sans mélange par les orifices des veines sur les jointures ? ou, s’il passe aussi du sang avec cette humeur, pourquoi, étant amassé dans la jointure, n’y fait-il point de phlegmon ? Même les humeurs crues qui sont portées de là sur les jointures par d’autres conduits que par les veines ne font la goutte, car la crudité qui vient de cachexie, et qui part des viscères pour se jeter sur les pieds n’y cause point la podagre. {a} Il faut donc que l’origine de la goutte soit ailleurs que dans les parties internes. Or, elle se trouve en la tête, d’où certainement il coule une humeur pituiteuse et subtile qui tombe sur les jointures ; laquelle toutefois ne vient pas du cerveau ni des ventricules internes d’icelui, où il s’amasse d’ordinaire un excrément pituiteux ; {b} car cet excrément tombe ou dehors par le nez, ou par le palais de la bouche dans la trachée-artère et sur les poumons, {c} ou bien dans l’estomac et sur les parties internes ; mais elle vient des parties externes de la tête et du dessus du crâne, où elle est la vraie source de la goutte, et d’où l’humeur superflue coule en bas, et passe entre cuir et chair. » {d}


  1. Allusion probable à l’œdème qui accompagne les états de profonde dénutrition (cachexie), dû à un appauvrissement du sang en protéines.

  2. V. note [15], lettre 260, pour la pituite, humide et froide, qu’on croyait issue du cerveau.

  3. Lien potentiel avec la péripneumonie…

  4. La goutte était donc tenue pour le résultat d’une intempérie générale en lien avec une excès de pituite.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johannes Antonides Vander Linden, le 31 décembre 1660, note 11.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1184&cln=11

(Consulté le 19/04/2024)

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