À Christiaen Utenbogard, le 14 mars 1662, note 11.
Note [11]

L’expédition de Louis xiv en Alsace n’eut même pas lieu du tout (v. note [2], lettre latine 180).

Les nouvelles de Constantinople étaient douteuses : le grand vizir du sultan Mehmed iv (v. note [12], lettre 184), Mehmed Pashha Köprülü (v. note [4], lettre 539), était mort de sa bonne mort le 31 octobre 1661 ; son fils, Fazil Ahmed Pashha Köprülü lui avait succédé et a conservé sa charge jusqu’à son décès en 1676.

Histoire de l’Empire ottoman… de Joseph von Hammer, traduit de l’allemand par J.J. Hellert (Paris, Bellizard, Barthès, Dufour et Lowell, 1838, in‑8o), tome onzième, livre liv, Entrée aux affaires de Koprülü Ahmed, pages 116‑117 :

« Ses premiers actes {a} témoignèrent bientôt qu’il était résolu à maintenir une justice sévère, et à n’abandonner aucune de ses prérogatives. […] Le mufti Esir {b} Mohammed-Effendi de Brousa, celui-là même qui seize ans auparavant avait été fait prisonnier par les Vénitiens à bord du vaisseau de l’eunuque Sünbülaga, et depuis avait recouvré sa liberté, s’était permis, en présence du sultan et de Koprülü Ahmed, quelques observations sur l’extrême sévérité du dernier grand vizir et avait parlé de sang injustement répandu. Le grand vizir dit au mufti ; “ Si mon père a signé des arrêts de mort, il l’a fait en vertu de ton fetwa. ” {c} Ce dernier répondit : “ Si j’ai délivré des fetwas, c’est parce que je redoutais pour moi-même les effets de sa cruauté. ” – “ Effendi ! répliqua le grand vizir, est-ce à toi, qui es instruit dans la loi du Prophète, à craindre Dieu moins que sa créature ? ” Le mufti garda le silence ; mais cet entretien lui valut sa destination et son exil à Rhodes, et sa place fut donnée à Sanizadé. La première condamnation à mort, régulirement prononcée par fetwa, atteignit un renégat grec, ex-métropolitain de Rhodes […]. »


  1. Fazil Ahmed Pashha Köprülü avait été nommé grand vizir le lendemain de la mort de son père.

  2. Mufti : « chef de la religion mahométane, résident à Constantinople. La puissance du mufti est souvent redoutable au Grand Seigneur. Le mufti est le souverain interprète de l’Alcoran, qui décide les questions de la Loi » (Furetière) ; Papa Turcorum, « le pape des turcs » dans l’imagination de Guy Patin.

  3. Synonyme masculin de fatwa (substantif féminin) : avis juridique prononcé par un représentant de la loi islamique.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Christiaen Utenbogard, le 14 mars 1662, note 11.

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(Consulté le 25/04/2024)

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