À Charles Spon, le 9 novembre 1642, note 12.
Note [12]

« sur la manière de restaurer la paix de l’Église. »

Philipp Schwarzerd, dit Melanchthon (traduction grecque de son nom, terre noire, Bretten 1497-Wittemberg 1560), professeur de grec à l’Université de Wittemberg, devint en 1518 le fidèle compagnon et défenseur de Martin Luther. L’acte le plus solennel de sa vie fut la rédaction de la Confession d’Augsbourg, texte fondateur du luthéranisme, qui fut présenté à la diète assemblée à Augsbourg le 25 juin 1530 (v. note [20], lettre 77). Charles Quint voulait pacifier les esprits et invitait les protestants à exposer leur doctrine, espérant qu’il serait encore possible de les rapprocher des catholiques. Luther, qui pouvait déplaire à l’empereur, resta à l’écart. Melanchthon rédigea donc la confession de foi des protestants avec modération et fermeté, concédant autant que l’amour de la vérité le permettait et prenant soin de s’appuyer toujours sur les expressions mêmes de l’Écriture, il concluait sur ces mots :

« Quoiqu’on eût pu alléguer bien d’autres erreurs et abus, nous nous sommes contentés, pour éviter la prolixité et les longueurs, de mentionner les abus essentiels, d’après lesquels il sera facile de juger les autres ; car déjà dans le temps, on s’est plaint vivement des indulgences, des pèlerinages, de l’abus de l’excommunication. Il y avait aussi des querelles interminables entre les curés et les moines au sujet du droit de confesser, d’enterrer les morts, de dire des oraisons funèbres et d’une infinité d’autres questions. Nous avons omis tout cela pour faire preuve d’indulgence et pour qu’on puisse d’autant mieux saisir les points principaux du débat. Que personne non plus ne s’imagine que dans cette Confession nous ayons dit quoi que ce soit dans l’intention de blesser quelqu’un, ou par un sentiment de haine ou d’hostilité contre qui que ce soit. Nous n’avons fait qu’énumérer les points dont il nous a paru nécessaire de parler pour que l’on comprenne d’autant mieux qu’aussi bien en matière de doctrine que de rites, nous n’avons rien adopté qui soit contraire à l’Écriture ou à l’Église chrétienne universelle. Car il est connu de tout le monde, et nous pouvons le dire sans nous vanter, qu’à l’aide de Dieu nous avons mis tout notre soin à empêcher qu’aucune doctrine nouvelle et impie ne s’infiltre dans nos églises, s’y répande et y prenne le dessus. »

À la mort de Luther en 1546, Melanchthon devint le principal chef du luthéranisme. Malgré les critiques passionnées des intransigeants, il poursuivit l’établissement d’un accord entre toutes les factions de la Réforme, et même entre la Réforme et le catholicisme. Comme on lui demandait, à son lit de mort, s’il n’avait plus rien à désirer : « Rien, dit-il, que l’union de l’Église » (G.D.U. xixe s.). V. note [14], lettre 71, pour ses lettres.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 9 novembre 1642, note 12.

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(Consulté le 25/04/2024)

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