À Charles Spon, les 5 et 7 juin 1652, note 12.
Note [12]

Journal de la Fronde (volume ii, fo 88 vo, 4 juin 1652) :

« Ce duc {a} s’étant approché, le 2 de ce mois, à Claye, proche de Lagny, {b} S.A.R. {c} lui alla au-devant jusqu’au delà du Bourget, deux lieues d’ici, avec M. le Prince, M. de Beaufort et plus de 800 gentilshommes. L’abord de Leurs Altesses ne fut que caresses extraordinaires, après lesquelles S.A.R. ayant fait entrer M. de Lorraine dans son carrosse, le mena à Paris où il entra à 10 heures du soir comme en triomphe, parmi des continuelles acclamations du peuple, dont la foule était extraordinaire, quoiqu’il fût si tard. L’on mit des chandelles allumées aux fenêtres dans toutes les rues où il passa jusqu’au palais d’Orléans, où il témoigna sa joie et y fut reçu dans l’appartement du maréchal d’Étampes qui a pris celui qu’avait autrefois l’abbé de La Rivière. Madame et Mademoiselle l’y accueillirent fort bien, et l’on remarqua sa galanterie en ce que Mademoiselle s’en retournant chez elle une heure après, il ne se contenta pas de la mener dans son carrosse, mais la voulut même suivre à pied devant la portière jusqu’au milieu de la rue Tournon, sans qu’elle le pût empêcher ni se défendre de ses civilités. Il était vêtu en simple cavalier avec un collet de buffle tout simple. {d} On lui fit pendant la nuit un habit de tabis noir fort modeste, {e} qu’il portait hier. Il fut visiter hier la reine d’Angleterre et Mademoiselle, avec laquelle il alla au Cours. {f} Il visita aussi Mme de Chevreuse ; et le soir, Mme de Montbazon étant venue au palais d’Orléans, il ne se contenta pas de la conduire dans son carrosse lorsqu’elle s’en retourna, mais il y entra avec elle sans aucune suite et la ramena dans sa maison. Il doit visiter aujourd’hui Mme de Guise. Son armée passe aujourd’hui la Marne sur le pont de Lagny, et demain la Seine sur le pont de bateaux qu’on fit au Port-L’Anglais. »


  1. Le duc de Lorraine, Charles iv.

  2. Lagny-sur-Marne.

  3. Son Altesse Royale, Gaston d’Orléans.

  4. Un collet de buffle « est une peau de buffle préparée qui fait une espèce de justaucorps sans manches. C’est un vêtement pour les cavaliers qui leur sert d’ornement et de défense [cuirasse] » (Furetière).

  5. Le tabis est une « étoffe de soie unie et ondée, passée à la calandre sous un cylindre qui imprime sur l’étoffe les inégalités onduleuses gravées sur le cylindre même » (Littré DLF).

  6. Au Cours la Reine, promenade qui allait des Tuileries à une demi-lune (qui est aujourd’hui la place de la Reine-Astrid, au début de l’avenue Montaigne).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, les 5 et 7 juin 1652, note 12.

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(Consulté le 29/03/2024)

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