À Charles Spon, le 15 décembre 1654, note 12.
Note [12]

Prud’homme : « ce mot signifiait autrefois homme sage, prudent et expérimenté. Maintenant on ne le dit qu’odieusement en parlant d’un vieillard, d’un bonhomme qui vit à l’ancienne mode. Ce mot vient du latin probus [honnête] » (Furetière).

Le ms BIU Santé no 2190 (pages 200‑206) conserve la copie de cette lettre que Siméon Courtaud avait envoyée à son ami Charles Spon. Elle est datée de Montpellier, le 17 septembre 1654. Spon l’avait communiquée à Patin dans le vain espoir de le réconcilier avec Courtaud :

« Votre première m’apprenait comment vous avez recouvré un exemplaire de ma Seconde Apologie et se plaignait de ce que, sans sujet, j’avais pris M. Patin en butte, et encore de la mauvaise impression du livre. {a} Je fus bien fâché quand vous en reçûtes d’autre main que la mienne, mais je n’en avais point encore en mon pouvoir aucune pour vous l’envoyer. Je suis avec vous touchant la mauvaise impression, et particulièrement pour les énormes et nombreuses fautes qu’on y a commises, et lesquelles seront cause d’une seconde impression à laquelle j’ai quelque chose pour ajouter, et ensuite la défense de M. Héroard contre le libelle de l’ingrat Guillemeau. {b} Pour ce qui regarde M. Patin, je n’ai rien dit que je n’aie appris d’autrui et sur la foi de plusieurs honnêtes hommes. {c} M. Riolan même en avoue quelque chose dans son livre des Recherches, disant que ledit sieur Patin pensait plus à railler qu’à répondre sérieusement, et c’est la cause qu’on l’a jugé être l’auteur de tout le reste, pour ce que c’est une suite de même génie, railleur et moqueur. {d} C’est pourquoi quelque médecin de Poitiers, d’humeur semblable à la sienne, lui a dédié la version qu’il a faite du plus auguste livre de notre Hippocrate en vers burlesques français ; {e} chose honteuse, et que M. Patin ne devrait ni souffrir ni recevoir, car qu’y aura-t-il dorénavant de sacré ? Il ne manque à présent si ce n’est de traduire les Saints Évangiles en semblables vers profanes. En ce temps où tout est dépravé on ne manque point de sujet de raillerie et de burlerie à ces burleurs, vu que tout est plein de fourberie et qu’on entend dans ce pauvre État que ces deux mots étrangers de burles {f} et de fourbes {g} qui s’y promènent hardiment, et avec applaudissement de peuples hébétés et ne prenant point garde d’où ils viennent ni à ce qu’ils portent dans leur sein, sans qu’on s’en prenne à ce qui est sacré. Mais nonobstant tout ce que je puis avoir dit de M. Patin, sachez que je l’estime et honore suivant son mérite, comme étant homme fort savant et votre ami particulier, et pour ce que sur tous les autres il rabat et résiste à l’insolence des pharmaciens. Pour toutes lesquelles considérations le duel entre ces deux académies ayant pris fin, comme je pense, je ne parlerai de lui dorénavant (comme je l’ai toujours fait en particulier) qu’avec beaucoup d’honneur, comme désirant de lui être ami ouvert à l’avenir pour ce que j’ai de la vénération pour la vertu, où qu’elle se trouve […]. »


  1. Par le possessif ma, le doyen Courtaud déclarait-il vraiment être l’auteur de la Seconde Apologie (Paris, 1653, v. note [54], lettre 348) qu’on attribue ordinairement à Isaac Cattier (l’un de ses disciples) ?

  2. Cani miuro… de Charles Guillemeau (juin 1654, v. note [14], lettre 358).

  3. V. infra note [30], pour le commentaire hérissé de Patin sur ce propos de Courtaud.

  4. V. note [13], lettre 177, pour les Curieuses recherches sur les Écoles en médecine de Paris et de Montpellier… de Jean ii Riolan (mais dont Guy Patin a pu être le principal auteur).

  5. Louis de Fontenettes, v. note [13], lettre 376.

  6. Moqueries, de burla, bourde en italien.

  7. Tromperies.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 15 décembre 1654, note 12.

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(Consulté le 25/04/2024)

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