À Hugues II de Salins, le 9 mars 1657, note 12.
Note [12]

« l’aloès à cause de son excessive sécheresse charge trop l’estomac. Voyez Scaliger contre Cardan, et surtout Galien lui-même. »

Jules-César Scaliger a parlé de l’aloès dans son Exercitatio ciiii contre Jérôme Cardan (Paris, 1557, v. note [5], lettre 9), avec ce répugnant § 9 (page 161 vo), De Pissalphalto [Du Pissasphaltum] :

Pissasphaltum multis in locis e montibus devolutum fluitat in ostiis fluviorum. Id Mumia est Serapionis. Mumia sepulcrorum apud Arabas, Syros, et Aegyptios, longe res est utilior, atque preciosor. Scilicet ex Myrrha, et Aloe, et illorum materia corporum, quæ iis condita sunt. Quocirca ruptis et contusis mirifice prodesse compertum est. Utranque descripsit Serapio. Quæ vero ad nos Mumia defertur ex Aegipto, non ex Aloe, et Myrrha condimentum est corporum, sed ex Asphalto. Illis enim utuntur nobiles : quorum effodere corpora, capitale est. Asphalto plebeios adversus corruptionem munire consuevisse, Strabo autor est.

« En maints endroits, le pissasphaltum {a} dévale des montagnes dans l’embouchure des fleuves. C’est la mumie de Sérapion. {b} Chez les Arabes, les Syriens et les Égyptiens, la mumie des tombeaux est une matière beaucoup plus utile et précieuse : elle provient de la myrrhe et de l’aloès, {c} mêlés à la substance des cadavres qu’ils ont servi à conserver. Une fois morcelé et broyé, ce mélange s’avère merveilleusement utile. Sérapion en a décrit les deux composants ; la momie qui nous parvient n’est pourtant pas l’aloès et la myrrhe qui a servi à embaumer les corps, mais de l’asphalte. Les deux premières substances sont en effet utilisées pour les défunts de la noblesse, dont déterrer les corps est puni de la peine capitale. Strabon {d} dit que pour préserver du pourrissement les cadavres du bas peuple, on se sert d’asphalte. » {e}


  1. Ou pissasphalte, autre nom de la mumie, v. note [9] de l’Observation x ; ce mélange de bitume (asphaltum) et de poix (pix) correspond à l’ambre jaune ou succin (v. note [10] de l’observation x).

  2. Médecin d’Alexandrie au ixe s., v. notule {a}, note [55], lettre latine 351.

  3. V. notes [3], lettre 436, pour la myrrhe, et [8], lettre 169, pour l’aloès.

  4. V. note [5], lettre 977.

  5. Guy Patin ne se référait pas à ce passage pour montrer que la sécheresse de l’aloès incommode l’estomac, mais pour dire sa légitime répugnance quant aux momies qui en contenaient et qui pouvaient être employées comme remède.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Hugues II de Salins, le 9 mars 1657, note 12.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0468&cln=12

(Consulté le 29/03/2024)

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