À Charles Spon, le 18 juin 1658, note 12.
Note [12]

Mauvaise information de Guy Patin, car Charles Delorme (Moulins 1584-Paris 1678) allait lui survivre, bien qu’il fût de 17 ans son aîné. Fils de Jean Delorme (v. note [5], lettre 829), Charles avait été reçu docteur en médecine de l’Université de Montpellier en 1607, puis avait voyagé en Italie où la République de Venise l’avait annobli. En 1626, il avait succédé à son père comme médecin ordinaire de Louis xiii. Il avait fait preuve d’une grande habileté par des guérisons obtenues à Paris lors de la peste de 1619, et à La Rochelle où la dysenterie ravageait l’armée. Delorme avait été peu de temps médecin du duc d’Orléans. Marié trois fois et veuf trois fois, il a publié les

Πτελεινοδαφνειαι. Hoc est Caroli Delorme laureæ apollinares, a prima ad supremam. Sive Enneas quæstionum medicarum, pro baccal. licentia, et doctoratu. His accesserunt varia ευδοξα, αμφιδοξα, παραδοξα quæ omnia, ut vera, variis congressibus propugnavit C. Delorme cum Deo, et lectissimis Mecœnatibus suis. In famoso Æsculapii apud Monspelienses fano…

[Lauriers de l’orme, qui sont les Lauriers apollinaires {a} de Charles Delorme, du premier au plus élevé, ou Ennéade des questions médicales {b} qu’il a disputées pour le baccalauréat, la licence et le doctorat. {c} Y sont joints divers eudoxes, amphidoxes et paradoxes {d} que C. Delorme a tous défendus comme vrais lors de divers réunions, avec l’aide de Dieu et des ses mécènes, dans le fameux temple d’Esculape {e} à Montpellier…] {f}


  1. Médicaux (d’Apollon).

  2. Suite de neuf questions médicales :

    • An cholera statim a pastu sit salutaris ? [Une alimentation végétale est-elle salutaire dans le choléra ?]

    • An amantes iisdem remediis curentur quibus amantes ? [Les amants sont-ils à soigner par les mêmes remèdes que ceux qu’ils aiment ?]

    • Daturæ febris pestilens intermittens ? [Le datura (poison végétal narcotique) rend-il la fièvre pestilentielle intermittente ?]

    • An althææ aviuvat, habeatque vires a Dioscoride et Galeno concessas ? [La guimauve est-elle bienfaisante, et possède-t-elle les vertus que Dioscoride et Galien lui ont attribuées ?]

    • Estne Υδροποσια juventibus utilior quam senibus [Boire d’eau est-il plus utile aux jeunes qu’aux vieux ?]

    • An vita regum, principum et magnatum salubrior sit et longior quam plebeiorum et rusticorum ? [La vie des rois, des princes et des grands est-elle plus saine et plus longue que celles des gens du peuple et des paysans ?]
    • An arthriticis doloribus vesicantia sint ex usu ? [Les vésicatoires sont-ils à employer dans les douleurs goutteuses ?]

    • Potestne parari venenum certo tempore interimens ? [N’est-il pas parfois permis de procurer un poison à un agonisant ?]

    • Numquid licet prægnanti mulieri acuto morbo laboranti φθορια præscribere medicamenta [Est-il permis de prescrire des médicaments abortifs à une femme enseinte souffrant de maladie aiguë ?]

  3. Titres que Delorme a tous trois obtenus en 1607 : bachelier le 8 janvier, licencié le 9 juillet, docteur le 30 octobre.

  4. Dogmes justes, douteux et contraires, en employant deux hellénismes qui respectent la prose de Delorme.

  5. L’Université de médecine.

  6. Paris, Adrianus Beys, 1608, in‑8o en trois parties de 46, 24 et 14 pages

Sa longévité lui a valu un curieux ouvrage intitulé :

Moyens faciles et éprouvés dont Monsieur Delorme, premier médecin et ordinaire de trois de nos rois, {a} et ambassadeur à Clèves pour le duc de Nevers, s’est servi pour vivre près de cent ans. Par Michel de S. Martin, seigneur de la Mare du Désert, prêtre, docteur de théologie en l’Université de Rome, et protonotaire du Saint-Siège. {b}


  1. Par confusion partielle de Charles Delorme avec Jean, son père.

  2. Imprimé à Caen, se vend à Paris chez C. Blageart, 1683, in‑4o de 432 pages, suivies d’un Portrait en petit de Monsieur Delorme (48 pages).

J’ai glané tous ces renseignements dans O. in Panckoucke, G.D.U. xixe s. et Dulieu. Guy Patin a souvent parlé de Charles Delorme dans la suite de ses lettres, en termes beaucoup plus flatteurs qu’ici, le qualifiant d’homme incomparable et même, suprême compliment, de bibliothèque vivante. Il a corespondu avec lui (v. note [3], lettre 957), mais il n’est est rien resté.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 18 juin 1658, note 12.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0528&cln=12

(Consulté le 29/03/2024)

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