À André Falconet, le 4 mai 1663, note 12.
Note [12]

V. notes [1], lettre 743, pour le Traité des tourbes combustibles, et [11], lettre 736, pour les Familiæ Romanæ… (« les deux in‑fo ») de Charles Patin, tous deux publiés à Paris en 1663.

Pour Furetière, la tourbe était une « matiere propre à faire du feu, dont on se sert en Hollande et aux lieux où il y a disette de bois. Ce sont des mottes de terres grasses qu’on tire des canaux, marais et autres lieux. Les pauvres gens ne se chauffent qu’avec du feu de tourbes. »

La Préface de Charles Patin explique le dessein de son livre ; en voici deux extraits :

« On ignorerait peut-être aujourd’hui l’usage des terres tourbes si toutes les provinces du monde avaient été garnies de forêts, qui leur eussent fourni du bois suffisamment. […]

Quelques anciens et plusieurs modernes ont fait mention des tourbes dans leurs écrits, mais elles y ont été traitées si différemment, et avec de si étranges réflexions, que nous n’en pouvons pas tirer des lumières suffisantes. Les uns s’en souviennent en parlant du charbon de pierre ; les autres ont placé cette terre ardente avec d’autres merveilles qu’ils décrivaient ; les autres en ont fait mention en parlant des choses métalliques et minérales. De tous ceux-là, personne n’a connu suffisamment leur nature, leurs qualités et leur usage. Le seul Martin Schoockius, professeur en philosophie à Groningue, en a écrit exprès, et très pertinemment. Je ne recommanderai pas ici son ouvrage par d’autre considération que par le mérite de l’auteur. Ce que j’ai vu de lui sur les différents sujets m’oblige de croire que c’est un des plus savants hommes du monde ; et j’avoue librement que le petit livre qu’il en a fait m’a plus fourni de matière que tous les autres auteurs ensemble. J’ai suivi sa méthode et ses chapitres autant que j’ai pu ; du reste, j’en ai fait comme la mode des habits le persuade à chaque nation : ce qui sied bien à l’Hollandaise peut être retranché quand on se veut habiller à la Parisienne.

J’avais appris quelque chose de ces tourbes par la relation que des Picards et des Flamands m’en avaient faite. L’usage qu’ils en pratiquent vers la rivière de Somme leur en avait donné quelque intelligence ; mais en vérité, je les juge bien négligents de n’avoir pas éclairci le reste du monde de cet avantage, puisqu’il nous le pouvaient produire sans se porter préjudice, et qu’ainsi ils auraient eu l’honneur qu’il y a de procurer à ses voisins de nouvelles commodités. La gloire d’une telle invention, ou tout au moins celle de sa publication, est d’autant plus considérable qu’elle apporte de profit et de commodité. »

Guy Patin a disserté sur ce sujet dans sa lettre latine du 27 novembre 1662 à Marten Schoock, dont le traité « sur les Tourbes ou végétaux bitumineux » (Groningue, 1658) avait plus qu’inspiré son fils Charles, car ce qu’il a publié peut quasiment être tenu pour une traduction française du livre latin de Schoock. Les compilateurs de bonnes comme de mauvaises histoires n’en ont toujours pas fini de chercher gloriole en se copiant les uns les autres.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 4 mai 1663, note 12.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0748&cln=12

(Consulté le 20/04/2024)

Licence Creative Commons