À Jan van Beverwijk, le 19 juillet 1640, note 12.
Note [12]

Hugo Grotius {a} était ambassadeur de Suède en France depuis 1634. Il connaissait bien les affaires militaires pour y avoir consacré ses :

De Iure belli ac pacis libri tres. In quibus ius naturæ et Gentium : item iuris publici præcipua explicantur.

[Trois livres sur le Droit de la guerre et de la paix. Où sont expliqués le droit de la nature et des peuples, ainsi que les principes du droit public]. {b}


  1. Mort à Rostock en 1645, v. note [2], lettre 53.

  2. Paris, Nicolas Buon, 1625, in‑4o.

Dans sa lettre à Guy Patin datée du 30 juillet 1640, Jan van Beverwijk a de nouveau évoqué ce mauvais jugement de Hugo Grotius sur l’ouvrage de Gabriel Naudé, mais je ne suis pas parvenu à en savoir plus sur la teneur de ses propos.

  • Mes recherches m’ont en premier conduit aux H. Grotii et aliorum Dissertationes de Studiis instituendis [Dissertations de H. Grotius sur et d’autres sur l’organisation des études] (Amsterdam, Ludovicus Elsevier, 1645, in‑12 de 688 pages), mais il ne s’agit que d’une alléchante impasse : ce recueil ne contient qu’une lettre de six pages que Grotius a écrite de Rotterdam, le 12 mai 1615, à Benjamin Aubery du Maurier (Benjaminus Maurerius, 1566-1636), ambassadeur du roi de France en Hollande, qui contient des généralités sur la pédagogie littéraire ; on y trouve aussi le texte intégral du Syntagma de Naudé, mais sans lien critique entre ces deux écrivains.

  • La Bibliographie politique du Sr Naudé. Contenant les livres et la méthode nécessaire à étudier la Politique. Avec une lettre de Monsieur Grotius {a} et une autre su sieur Haniel sur le même sujet. Le tout traduit du latin en français (Paris, veuve de Guillaume Pelé, 1642, in‑8o ; traduction de la Gabrielis Naudæi Paris. Bibliographia politica… [Bibliographie politique de Gabriel Naudé, Parisien…], Wittemberg, Balthasar Mevius, 1641, in‑12) n’a pas non plus satisfait ma curiosité. Toutefois, dans ses Jugements des savants sur les principaux auteurs, Adrien Baillet en a donné ce commentaire,qui me semble ouvrir une piste (édition d’Amsterdam, 1725, tome second, première partie, page 204) :

    « […] Il {b} y examine les auteurs qui en ont écrit {c} exprès et de profession ; et il faut avouer que c’est un livre curieux, quoiqu’il y ait des fautes, et que l’auteur ait reconnu lui-même qu’il n’avait point été exact.

    Les étrangers, et particulièrement les Allemands, {d} se plaignent de lui, ils l’accusent de n’avoir pas rendu toute la justice qui était due à leurs écrivains sous prétexte de la diversité de religion : d’avoir suivi ses inclinations et ses intérêts particulier, et d’avoir témoigné trop d’aversion et trop de de chagrin à l’égard de la nation allemande ; d’avoir passé sous silence une partie de ceux de leurs écrivains qu’il prétendent avoir le mieux traité de la politique, et de n’avoir parlé des autres qu’avec beaucoup de froideur et de malignité […]. »


    1. Lettre que Grotius a écrite à du Maurier en 1615, mentionnée dans la précédente référence que j’ai citée.

    2. Naudé.

    3. De la politique.

    4. Les Hollandais, tel Grotius, étaient tenus pour allemands (germaniques).

  • La note 8 (page 9) de Charles Nisard ne m’a pas aidé :

    « Grotius était plus compétent que Nicolas de Bourbon pour juger le livre de Naudé, et il est regrettable que Guy Patin ne soit pas entré, à cet égard, en quelques détails. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Jan van Beverwijk, le 19 juillet 1640, note 12.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1037&cln=12

(Consulté le 19/04/2024)

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