À Charles Spon, le 18 juin 1658, note 13.
Note [13]

Guy Patin commençait ici un court récit du combat à qui les historiens ont donné le nom de bataille des Dunes, seconde du nom, après celle, navale, de 1639. Cette victoire française, remportée le 14 juin 1658, a marqué pratiquement la fin de la guerre franco-espagnole commencée en 1635. Elle fut livrée aux abords de Dunkerque assiégée par les armées de Turenne et de Cromwell. Pour prix de son alliance, le Lord Protecteur était autorisé par les accords de mars 1658 à s’installer définitivement dans le port flamand s’il était pris aux Espagnols. Le corps expéditionnaire anglais et l’armée royale avaient entrepris, à la fin de mai 1658, le siège d’une place presque inaccessible. Condé, alors au service des Espagnols, marcha au secours de Dunkerque pour obliger les alliés à lever le siège, et ce fut en quelque sorte le dernier épisode de la Fronde. Turenne, à la tête de 15 000 Franco-Anglais, livra bataille à Condé qui commandait 14 000 Franco-Espagnols (les régiments condéens se battaient aux côtés des troupes de Philippe iv) dépourvus d’artillerie. L’aile gauche de Condé fut écrasée et le prince dut prendre la fuite. Selon Napoléon, la bataille des Dunes fut l’action la plus brillante de la carrière de Turenne. Ce fut surtout un succès stratégique aux vastes conséquences : Dunkerque prise le 23 juin et la Flandre maritime envahie, le gouvernement de Madrid se décida à négocier la paix à des conditions raisonnables (J. Bérenger, Dictionnaire du Grand Siècle).

Politiquement, le véritable mérite de cette victoire historique revient assurément à Mazarin (Mme de Motteville, Mémoires, page 464‑465) :

« Le ministre voyant cette affaire {a} sans remède, fit résoudre le roi d’aller à Calais pour travailler au grand dessein de cette année, qui était la prise de Dunkerque, que nous devions attaquer conjointement avec les Anglais, {b} et le projet était de la laisser à Cromwell quand elle serait prise. Ce dessein parut odieux à tous les gens de bien et on ne manqua pas de blâmer le ministre de cet avantage qu’il donnait aux anciens ennemis de la France, à un hérétique, à un usurpateur ; mais il avait ses raisons : il crut qu’il était impossible sans cela de sauver l’État de beaucoup de maux et fut persuadé, au contraire, que par cette voie il forcerait le roi d’Espagne {c} à faire la paix. Ceux qui murmuraient contre cette liaison des Anglais avec nous disaient que, sans compter l’intérêt de la religion, il y avait encore à craindre que ce ne fût donner des forces à des voisins qui ne pouvaient nous aimer et que cette place mettait en état de nous faire un jour la guerre. Malgré ces raisons, que le cardinal Mazarin sans doute avait bien examinées, les Anglais passèrent la mer ; nous assiégeâmes la place. Cette entreprise, dont le succès fut aussi heureux qu’on le pouvait souhaiter, pensa {d} être funeste à la France. »


  1. Reprendre Hesdin aux condéens.

  2. Républicains.

  3. Philippe iv.

  4. Faillit.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 18 juin 1658, note 13.

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(Consulté le 24/04/2024)

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