Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 6 manuscrit, note 14.
Note [14]

« Voyez l’Epitome de Baronius, par Sponde, aux années 410 (xv) et 411 (xi) après Jésus-Christ, tome i, page 587. »

Dans la traduction française de « L’Abrégé des Annales » de Baronius, {a} ces deux paragraphes concernent Synesius de Cyrène, évêque de Ptolémaïs (siège de l’évêché de Cyrénaïque), mort vers l’an 414. Chrétien convaincu, il était fidèle et fervent disciple de la très savante Hypatie, philosophe néoplatonicienne, {b} astronome et mathématicienne d’Alexandrie.

  • Année 410, § xv (page 771) :

    « Ce Synesius fut un des célèbres philosophes de son temps. Il était de Cyrène {c} et demeura en Alexandrie, où il se maria et eut des enfants ; lui-même décrit sa parenté et sa façon de vivre. Evagrius {d} rapporte que les chrétiens, l’ayant en grande admiration, commencèrent de lui persuader qu’il se fît baptiser et sacrer prêtre, et que le peuple de Ptolémaïde {e} l’ayant choisi et demandé pour évêque, il protesta publiquement qu’il ne garderait point le célibat comme les autres prêtres, et qu’il retiendrait sa femme et coucherait avec elle, et qu’on ne lui pouvait faire croire, contre le précepte de la philosophie, ce que la foi enseigne de la fin du monde, de la résurrection, et que les corps étaient formés avant les âmes ; ce qu’il semble avoir puisé de l’épître du même Synesius à son frère Euoptius, qui se trouve encore aujourd’hui parmi les siennes, et dans Nicéphore, où les mêmes choses sont traitées plus au long. {f} Sur quoi ceux-là se trompent grandement, qui pensent qu’il ait dit ceci tout de bon : et comme s’il l’eût cru véritablement, car comment est-ce que Théophile, évêque, {g} eût pu consentir qu’on eût baptisé celui qui eût opiniâtrement résisté à la croyance de l’Église ? Comment l’eût-il sacré évêque contre la doctrine évangélique et des apôtres, que Théophile savait si bien ? Mais Synesius lui-même déclara amplement que la protestation publique qu’il avait faite n’était que pour empêcher en quelque façon que ce fût qu’on ne le fît évêque, de quoi il s’estimait indigne ; il fit cette déclaration écrivant aux prêtres de son église aussitôt qu’il fut créé évêque, auxquels il ne cela point d’avoir fait tout ce qui lui avait été possible pour être jugé indigne de l’épiscopat, jusque-là même qu’il avait désiré de mourir plutôt que d’être fait évêque. »
  • Année 411, § xi (page 775) :

    « En cette même année, et la première de Synesius en son épiscopat de Ptolémaïde, qui n’était encore expirée, on célébra le concile de Ptolémaïde, dans le Pentople d’Égypte ; {h} et ce, au sujet particulièrement d’Andronicus, gouverneur de cette province, {i} lequel, outre les cruautés effroyables qu’il avait exercées, s’était souvent comporté, de paroles et d’actions, en public, contre l’Église de Dieu et contre notre Seigneur même, avec toute sorte d’injures et de calomnies, attachant, entre autres choses, ces détestables édits aux portes de l’église, ayant osé chasser du lieu de refuge ceux qu’il traitait injustement ; faisant de grièves {j} menaces aux prêtres qui n’approuvaient point ces méchancetés ; protestant même ces paroles d’impiété que personne ne pouvait échapper les mains d’Andronique, quand bien il tiendrait les pieds de Jésus-Christ même. Comme tout ceci eut été proposé et prouvé au concile, on fulmina contre lui la sentence effroyable de l’excommunication, de laquelle nous rapporterons ici la forme pour faire voir les cérémonies anciennes.

    Après qu’il ne faut plus avertir un homme, mais que nous le devons retrancher comme un membre incurable, de crainte qu’il ne gâte ce qui reste en santé. C’est pourquoi l’Église de Ptolémaïde fait assavoir à toutes ses sœurs les églises, qui sont dispersées par toute la terre, qu’on n’ouvre point aucun temple de Dieu à Andronique et aux siens, à Théoante et aux siens, (ce compagnon était l’exécuteur effronté des méchancetés d’Andronique) que l’entrée dans toute assemblée sacrée leur soit défendue, que tout le temple sacré leur soit fermé, < car > le diable n’a aucune part en paradis ; que si d’aventure ils y étaient entrés en cachette, qu’ils en soient chassés. J’avertis donc tout particulier et tout prince qu’ils ne demeurent ni ne mangent avec eux, et surtout que les prêtres ne parlent à eux durant leur vie, ni ne les enterrent après leur mort ; que si quelqu’un méprise ceci, comme venant de la part de l’église d’une petite ville, et qu’il reçoive ceux qu’elle a excommuniés, comme s’il n’était par nécessaire d’obéir aux pauvres, qu’il divise l’Église établie par notre Seigneur ; que si telle personne est diacre, ou prêtre, ou évêque, nous le traiterons de la même façon que nous avons traité Andronique, nous ne lui donnerons jamais la main, ni nous ne mangerons point avec lui ; car pour ce qu’il est de la sainte communion des mystères sacrés, nous n’en voulons point avoir du tout avec ceux qui communiquent avec Andronique et Théoante.

    Après tout ceci, Andronique supplia instamment qu’on lui pardonnât ; ce qu’il obtint après avoir fait une bonne pénitence avec les autres. Nous sommes assurés de tout ceci par plusieurs lettres qu’on en écrivit à Synesius, lequel avait conduit prudemment toute cette affaire. Les Anciens louent grandement ce Synesius en l’administration de son évêché. Suidas {k} rapporte ses œuvres, qu’il avait toutes faites pour la plupart auparavant que d’être évêque, comme quelques discours sur la grammaire et sur la philosophie, et des panégyriques, et plusieurs autres livres ; il composa encore, ainsi que le même Suidas l’assure, écrivant à Orus, des livres de la chasse, et un commentaire de l’instrument de l’astrologie ; mais il ne se trouve presque plus rien de tout cela. » {l}


    1. Paris, 1655, v. notule {b}, note [3] supra.

    2. V. note [46] du Borboniana 7 manuscrit.

    3. Cyrène était la capitale de l’antique province romaine de Cyrénaïque, située près de l’actuelle ville de Shahat en Libye, non loin de la côte.

    4. Evagrius Ponticus, moine et ascète chrétien du ive s.

    5. Autre nom de la Cyrénaïque, la Ptolémaïde englobait l’est de la Libye actuelle et l’ouest de l’Égypte.

    6. V. infra note [16] : notules {b}, pour les lettres de Synesius, et {a}, pour Nicéphore Calliste.

    7. Il semble que Théophile, évêque et patriarche d’Alexandrie, de 384 à 412, autorisa Synesius à devenir prêtre puis évêque, quoique marié à une chrétienne d’Alexandrie ; elle lui aurait donné quatre enfants.

    8. Sic pour Pentapole d’Égypte, autre nom de la Cyrénaïque et de Ptolémaïde. Le concile qui s’y tint alors n’était pas œcuménique, mais provincial.

    9. Ce gouverneur de la Pentatople cyrénaïque (autrement nommé Andronique ou Andronic) n’est apparemment connu que pour sa querelle avec Synesius.

    10. Sévères.

    11. V. note [47] du Grotiana 2.

    12. V. infra note [15] pour la liste des œuvres de Synesius qui ont résisté au temps.

      Le style et la syntaxe de Sponde ont mal vieilli, mais demeurent intelligibles.


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 6 manuscrit, note 14.

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(Consulté le 23/04/2024)

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