À Charles Spon, le 23 février 1655, note 15.
Note [15]

« il a l’impudence d’une putain, il ne sait pas rougir » (Jérémie, v. note [15], lettre 227). Ce qui précède répétait des accusations meurtrières contre Guénault et son antimoine : la mort de sa troisième fille, Catherine, en 1653, de son gendre, l’avocat Jean ou Antoine Guérin, en 1654, et de son neveu, Pierre Guénault, en 1649 ; quant aux poulets fricassés qui faillirent coûter la vie à Eusèbe Renaudot en 1654, il n’y avait pas lieu d’y impliquer l’antimoine.

Parmi les pamphlets du temps sur l’antimoine, on trouve (recueil BnF 4‑YC‑27) cette pièce isolée qui n’est pas sans rappeler les propos et le genre de Guy Patin :

« In Mauvilani soteria,
Orthodoxi ad Alethophanem Epigramma

Febre laboraret quum Mavvilanus acuta,
Tum Soceri timuit morte perire sui.
Laudantur Medicis Stibii Miracula frustra ;
Hanc tenuit fati conscius Æger opem
.

Parcite, ait, Stibio, solita neque cædere lege
Pergite, sint aliis Toxica mista, precor.
Artibus his cecidit Tibi Nata, Maræe, Guenalte,
Et Socer ante Mihi, tum Gener ipse Tibi
.

Sævit Autores, Nemesis sic vindice, virus ;
Quod prius in votis, causa timoris erat.
Protinus ignovit Turba exorata Medentum ;
Unaque sit Stibio mox caruisse salus
.

Sonnet d’Orthodoxe à Aléthophane, {a}
sur la guérison 
{b} de Mauvillain

De fièvre tourmenté, le bouillant Mauvillain
Ayant peur de mourir ainsi que son beau-père, {c}
Ne voulut avaler de drogue délétère,
Dont ceux qui le traitaient prêchaient merveille en vain.

Pour d’autres, leur dit-il, mélangez votre vin,
Cessez de nous tuer selon votre ordinaire ;
La fille de Marais par cet art téméraire,
Celle aussi de Guénault, et son gendre, ont pris fin.

J’ai toujours dans l’esprit, que Némèse {d} Déesse,
Des méfaits tôt ou tard très juste vengeresse,
Un jour nous punira par le même poison ;
Vous étonnez-vous donc si j’en ai tant de crainte ?
De pitié cette tourbe au fond de l’âme atteinte,
lui fit grâce ; et soudain il reçut guérison. »


  1. Orthodoxe et Aléthophane étaient les pseudonymes génériques qu’employaient alors respectivement les ennemis (dont François Blondel) et les partisans (dont Jacques Thévart) de l’antimoine.

  2. V. notule {a}, note [14], lettre 387, pour le mot soteria (sotérie) qui ne désigne pas la guérison elle-même, mais le poème qu’on écrit pour en remercier le Ciel.

  3. Signeur de l’antimoine en 1652 (v. note [3], lettre 333), Armand-Jean de Mauvillain (v. note [16], lettre 336) était le gendre de Jacques-Philippe Cornuti (mort en 1651, v. note [5], lettre 81).

  4. Némésis, v. note [3], lettre 395.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 23 février 1655, note 15.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0391&cln=15

(Consulté le 24/04/2024)

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