À André Falconet, le 1er mars 1661, note 15.
Note [15]

« que cet empourpré ne meure ». {a} Loret n’a pas manqué d’ironiser sur ce mariage (Muse historique, livre xii, lettre x, 5 mars 1661, page 328, vers 101‑162) :

« Celui qui ces trois beaux noms porte
D’Armand-Antoine de La Porte,
Jeune, riche et puissant seigneur,
Irréprochable homme d’honneur,
grand maître de l’Artillerie, {b}
Et réputé (sans flatterie)
Un des plus sages de la cour,
Étant épris d’un chaste amour,
Nourri d’espoir et de constance,
Épousa l’admirable Hortense,
De beautés un original,
Nièce dudit grand cardinal,
Pucelle infiniment aimable,
Fille de prix inestimable,
Miroir de toute honnêteté,
D’honneur, de douceur, de bonté,
Contenant mille attraits en elle,
Et dont Madame de Venelle, {c}
Dame de réputation
Et prudente en perfection,
A cultivé, par sa sagesse,
La belle et charmante jeunesse,
Et celle de ses chères sœurs,
Tous objets à ravir les cœurs.

Ce noble amant dont la fortune
Est splendide, et non pas commune,
Fit à cette jeune beauté
Un présent dont la rareté,
Magnificence et politesse,
Éclat, abondance et richesse,
Passaient, tant il fut bel et bon,
Six-vingt mille écus, ce dit-on,
En témoignant par cette voie
Combien était grande sa joie
De voir condescendre à ses feux
Un objet si digne de vœux.
Ha ! vraiment, M. le grand maître,
Vous pouvez bien vous vanter d’être,
Du ciel, très heureux favori,
Puisque vous êtes le mari
D’une si parfaite personne ;
Et, de plus, que Jules vous donne
Outre ce trésor précieux,
Digne d’être estimé des dieux,
Outre sa chère bienveillance,
Outre des places d’importance,
Et la valeur de maint florin,
Le beau titre de Mazarin,
Qui sera toujours dans l’Histoire,
De très glorieuse mémoire,
Du moins, si les auteurs du temps
Ont l’honneur d’être honnêtes gens.

Je m’étendrais bien davantage
Sur cet excellent mariage,
Mais, las ! je sens à tout moment
Obscurcir mon entendement
Par la continuelle crainte,
Dont à présent j’ai l’âme atteinte,
Pour les maux de mon bienfaiteur,
De France le grand conducteur,
Et dont les soins, toujours sincères,
Seraient encore très nécessaires. »


  1. Littéralement : « que quelque chose d’humain n’advienne à cet empourpré [Mazarin] » : v. note [2], lettre 227, pour cette manière de qualifier la mort.

  2. V. note [33], lettre 291, pour cette manière de qualifier la mort.

  3. V. notule {a}, note [6], lettre 671, pour Madeleine de Venelle, gouvernante des sœurs Manicini.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 1er mars 1661, note 15.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0674&cln=15

(Consulté le 25/04/2024)

Licence Creative Commons