À Johann Georg Volckamer, les 22 et 23 avril 1650, note 15.
Note [15]

Les propos de Charles Spon dans sa dédicace latine à Jacques ii Cousinot, premier médecin du jeune roi Louis xiv (v. note [12], lettre 92), étaient excessivement louangeurs et déférents (mais toujours difficiles à bien traduire en français) ; ils avaient pourtant de quoi déplaire à Guy Patin, car il n’a jamais caché sa profonde aversion pour les flatteries de la cour et pour ses médecins :

Enimvero ut omittam incredibilem tuam virtutem, doctrinam exquisitam, iudicium defæcatum, ac cætera merita omnijuga, quæ Tibi cunctorum animos, ac summam domus Augustæ gratiam conciliant, Dominique valetudini (qua publica nititur) moderandæ Te obligant, longe αιτιωδερην αιτιαν habeo, Pietatem scil. erga Te, Præceptorem in Iatrica gymnade quondam meum opt. max. quæ solemnem hanc Nomini tuo nuncupiatonem imperet, ut palam testificer, quam absim ab ingratitudine, quando διδασκαλια digna rependere meæ neutiquam opis esse sentio. Sed faciet hoc (ut spero) cum fœnore, imo jam facit Numen æternum, de quo Tibi gratulor medullitus. Cum enim super tuis rebus, quibus incredibiliter faveo, non semel DD. Renatum Moræum, et Guidonem Patinum, Virorum amicorum par incomparabile, percontatus essem, non sine mirabili animi voluptate docuerunt, Te tanta alacritate ac felicitate gravissimum illud tuæ professionis in Aula munus sustinere, ut nemo sit qui dubitet, quin ad summum hunc dignitatis gradum αμυμονι θεου πομπη fueris evectus, arcanoque vigore cælitus affleris, præ quo non magis fatiscas quam Palmæ arboris brachia sub imposito sibi pondere.

[Votre incroyable vertu, votre science raffinée, votre jugement éclairé et tous vos autres mérites de toutes sortes vous concilient la bienveillance de tous et la suprême faveur de la Maison royale, et vous chargent de veiller à la bonne santé du roi (sur laquelle s’appuie l’État). Qu’il me soit pourtant permis de ne pas y insister, car c’est ma piété envers vous, jadis mon très excellent et très grand précepteur en l’École de médecine, qui me commande d’abord et avant tout de vous dédier cette épître solennelle, afin de témoigner publiquement à quel point je suis éloigné de toute ingratitude quand j’éprouve qu’il n’est nullement en mon pouvoir de vous rendre dignement la pareille des enseignements que j’ai reçus de vous. Ainsi même que Dieu l’accomplit déjà éternellement, puisse cela (comme j’espère) produire un profit, dont je vous remercie du fond du cœur. Quand en effet, à plusieurs reprises, j’ai interrogé MM. René Moreau et Guy Patin, eux qui n’ont pas d’égaux en amitié pour moi, sur l’état de vos affaires (que je chéris incroyablement), ils m’ont appris, non sans admirable contentement, que vous remplissiez à la cour les devoirs de votre profession avec si grande ardeur et si grand bonheur que nul ne doutait que vous n’ayez été élevé à cette suprême dignité sans la noble protection de Dieu, et que vous y débordiez d’une mystérieuse vigueur venant du ciel, grâce à laquelle vous ne fatiguiez pas plus que la branche du palmier sous le poids qu’elle supporte].

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, les 22 et 23 avril 1650, note 15.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1050&cln=15

(Consulté le 29/03/2024)

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