Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 1 manuscrit, note 15.
Note [15]

Bref article du Borboniana manuscrit que j’ai transféré depuis la page 4.

  • La Correspondence de Joseph Scaliger (Genève, 2012) contient trois lettres que Jean Barclay lui a écrites en français pour dire la profonde admiration qu’il lui vouait. Sa première, datée de Londres le 13 juin 1606 (volume vi, pages 439‑440), en dit autant que les deux autres :

    « Monsieur,

    C’est votre très illustre race qui oblige tous les gentilshommes, et vos perfections quasi plus qu’humaines, qui contraignent tous ceux qui ont jamais mis le nez en un livre de rechercher l’honneur de votre amitié. J’ai cherché les moyens d’y parvenir, Monsieur, par l’offre de mon très humble service, et n’ai encore pu trouver occasion qui m’y donnât aucune entrée, jusques au départ de ce très galant gentilhomme qui m’a fait l’honneur de me promettre de vous porter la présente, et l’accompagner de ses paroles et recommandations. Recevez-le<s>, je vous supplie, Monsieur, comme venant de la part de l’homme au monde qui vous est le plus serviteur, et qui ne s’estimera jamais heureux en ce monde que tant qu’il saura que vous lui avez donné place en vos bonnes grâces. C’est, Monsieur,
    votre serviteur très humble,

    Jean Barclay. »

    La Correspondence ne contient aucune réponse de Scaliger à Barclay. L’explication s’en trouve probablement dans cette phrase assassine de la lettre que Scaliger a écrite à Charles Labbé (v. note [5], lettre 487), datée de Leyde, le 27 juin 1605 (ibid. page 74) :

    Quanti Euphormionem faciam, ex eo cognescere potes quod vix sex folia eius legere potuerim. Sed hæc non possunt nisi coram exponi.

    [Vous pouvez connaître le cas que je fais de l’Euphormion en sachant que j’ai peiné à n’en lire que six pages ; mais cela ne peut vous être expliqué qu’en tête-à-tête].

  • Secunda Scaligerana sur Barclay (page 216) :

    « Il y a un Français qui a fait un Satyricon à l’imitation de Pétrone, et stylo Petroniano. {a} Il y a bien des fautes que tout le monde ne connaîtra pas, comme aux vers de Monsieur de Bèze il y a beaucoup de gallicismes. {b} Il y a un pédant à Angers qui a fait un Satyricon qui, au commencement, semble être quelque chose, mais puis {c} ce n’est rien du tout. »


    1. « et dans le style de Pétrone ».

    2. V. note [28], lettre 176, pour Théodore de Bèze (mort en 1605) et ses maladroits Juvenalia [Poèmes de jeunesse] (1548), qu’il chercha à faire oublier pendant tout le reste de sa vie. Ils ne figurent pas dans la :

      Theodori Bezæ Vezelii Poematum Editio secunda, ab eo recognita. Item, ex Georgio Buchanano aliisque variis insignibus poetis excerpta carmina, præsertimque epigrammata.

      [Seconde édition des Poèmes {i} de Théodore de Bèze, natif de Vézelay, qu’il a lui-même revus. Avec les poèmes, principalement des épigrammes, tirés de George Buchanan {ii} et d’autres insignes poètes]. {iii}

      1. Presque tous latins, mais quelques-uns en grec et en hébreu.

      2. V. note [11], lettre 65.

      3. sans lieu, Henri Estienne, 1569, in‑8o de 255 pages.
    3. Ensuite. Sauf à invoquer une confusion du Scaligerana entre Jean Barclay et son père, Georges, il est difficile d’identifier ce « pédant d’Angers » à un autre que Jean, car il a vécu dans cette ville, auprès de son père, de 1603 à 1605 (v. supra note [10]).

  • Gilles Ménage en a dit plus aux pages 232‑233 de ses Remarques sur la vie de Pierre Ayrault (v. supra note [10]) :

    « Voici les vers de Grotius qui sont gravés sous la taille-douce de Jean Barclay :

    Gente Caledonius, Gallus natalibus, hic est
    Romam Romano qui docet ore loqui
    . {a}

    Mais tout le monde ne demeure pas d’accord de cette louange que Grotius donne à Barclay. L’auteur anonyme du petit livre intitulé Censura Euphormionis, imprimé à Paris en 1620, parle du style de l’Euphormion en ces termes : Et quod miretur aliquis, Latinitas quoque ipsa Romanas aures perigrinitate radit, et veteris saporis imbutum palatum offendis. {b} On croit, pour le marquer ici en passant, que Séton, {c} Écossais, est l’auteur de ce petit livre. Joseph Scaliger, dans une de ses lettres à Charles Labbé, ne parle pas plus avantageusement de cette satire de Barclay. […] {d} Pierre Musnier, chanoine de Vézelay, a répondu au livre intitulé Censura Euphormionis par un autre livre intitulé Censura Censuræ Euphormionis ; mais il y a mal répondu, et c’est vraisemblablement ce qui a obligé Jean Barclay d’écrire lui-même l’Apologie de son Euphormion. Mais, comme il a été remarqué, Jean Barclay n’avait que 21 ans quand il fit imprimer la première partie de cette satire. » {e}


    1. « Écossais par sa famille, Français par sa naissance, voici celui qui enseigne à Rome la manière de parler le romain. »

      Ce portrait de Barclay et ce distique de Hugo Grotius figurent en tête de L’Argenis de Jean Barclay, traduction nouvelle enrichie de figures (Paris, Nicolas Buon, 1624, in‑8o).

    2. « Et, ce qui étonnerait n’importe qui, sa latinité déchire les oreilles romaines par son étrangeté, et offense un palais imprégné par le bon goût de l’Antiquité. »

    3. V. supra note [12] pour l’anonyme « Censure de l’Euphormion », attribuée à William Seton.

    4. Lettre du 27 juin 1605 citée plus haut dans la présente note.

    5. L’Euphormionis Satyrici Apologia pro se [Apologie pour lui-même du satirique Euphormion] accompagne les rééditions de l’Euphormion : elle occupe, par exemple, les pages 313‑357 de celle de Rouen en 1628 (Jean de La Mare, in‑8o).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 1 manuscrit, note 15.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8202&cln=15

(Consulté le 28/03/2024)

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