Note [15] | |
V. notes :
De sinistre mémoire, le gibet de Monfaucon s’élevait sur la colline homonyme, au nord-est de Paris, hors les murs, près de l’actuelle place du Colonel-Fabien (à la limite des actuels xe et xixe arrondissements). Y étaient édifiées à demeure les monumentales « fourches de la grande justice » de la ville. L’affaire dont parlait ici L’Esprit de Guy Patin fit grand bruit et a laissé d’abondantes traces dans les chroniques. Le Tableau historique et pittoresque de Paris, depuis les Gaulois jusqu’à nos jours {a} en a donné un bon résumé en commentant la description d’une sépulture qui était dans l’église des Mathurins (tome troisième, deuxième partie, pages 639‑641) : « Sur la droite du cloître de cette maison, à côté d’une petite statue de la Vierge, on trouvait une tombe plate sur laquelle étaient représentés deux hommes enveloppés dans des suaires. Autour de la tombe était gravée l’épitaphe suivante :Hic subtus Jacent Leodegarus du Moussel de Normania, et Olivarius Bourgeois de Britannia oriundi, clerici scholares, quondam ducti ad justitiam sæcularem, ubi obierunt, restituti honorifice, et hic sepulti. Anno Domini 1408. die 16. mensis Maii. » {b} Saint-Victor y a ajouté cette note : « Sur une table de bronze encastrée dans la muraille, une inscription française, gravée en relief, offrait ce qui suit :“ Ci-dessous gisent Léger du Moussel et Olivier Bourgeois, jadis clercs-écoliers, étudiants en l’Université de Paris, exécutés à la justice du roi Notre Sire, {c} par le prévôt de Paris, l’an 1407, le vingt-sixième jour d’octobre, pour certains cas {d} à eux imposés ; lesquels, à la poursuite de l’Université, furent restitués et amenés au parvis Notre-Dame, et rendus à l’évêque de Paris, comme clercs, et au recteur {e} et député de l’Université, comme suppôts d’icelle, à très grande solennité, et de là, en ce lieu furent amenés pour être mis en sépulture, l’an 1408, le seizième jour de mai ; et furent lesdits prévôt et son lieutenant démis de leurs offices, à ladite poursuite, comme plus à plein appert par lettres patentes et instruments sur ce cas. {f} Priez Dieu qu’il leur pardonne leurs péchés. Amen. ” La teneur de cet article s’accorde bien avec les ergots sur lesquels Guy Patin se dressait chaque fois que l’honneur et les prérogatives intouchables de l’Université parisienne étaient mis en question. |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Autres écrits : Ana de Guy Patin : L’Esprit de Guy Patin (1709), Faux Patiniana II-1, note 15. Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8214&cln=15 (Consulté le 29/03/2024) |